Israël et le Hamas multiplient les signaux en faveur d’une nouvelle trêve
Entre le Conseil de sécurité et l’Égypte, les discussions se multiplient pour arriver à un cessez-le-feu. Sous la menace grandissante d’une extension du conflit.
Le chef du Hamas est en Égypte, ce 20 décembre, pour discuter d’un cessez-le-feu à Gaza, après qu’Israël a indiqué être prêt à accepter une nouvelle pause en échange d’otages après plus de deux mois de guerre.
Le chef du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, est accompagné d’une délégation du Hamas pour y rencontrer le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel. Les discussions doivent porter « sur l’arrêt de l’agression et de la guerre pour préparer un accord de libération de prisonniers (palestiniens), la fin du siège imposé à la bande de Gaza », explique une source au sein du Hamas.
Tractations en coulisses
De son côté, le président israélien Isaac Herzog a déclaré qu’ « Israël est prêt à une nouvelle pause humanitaire et à une aide humanitaire supplémentaire pour permettre la libération des otages ».
Une première trêve, mise en place du 24 novembre au 1er décembre, avait permis la libération de 105 otages à Gaza, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. Le 19 décembre, lors d’une rencontre avec les familles des otages, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a expliqué avoir récemment envoyé « deux fois le chef du Mossad en Europe pour promouvoir un processus de libération ». « Notre devoir est de les ramener tous », a-t-il insisté. D’autres tractations semblent avoir lieu en coulisses.
Selon le site Axios, Israël a proposé par l’intermédiaire du Qatar – qui avait déjà servi de médiateur pour parvenir à la première trêve – une nouvelle pause d’au moins une semaine dans les combats à Gaza pour organiser la libération de plusieurs dizaines d’otages. Jusqu’à présent, le Hamas a posé l’arrêt des combats comme préalable à toute nouvelle négociation à ce sujet. Le Jihad islamique, allié du Hamas, a accentué la pression en publiant une vidéo de deux otages en vie, plaidant pour un compromis qui leur permette de rentrer en Israël.
D’âpres négociations doivent également se poursuivre aux Nations unies : depuis le 18 décembre, le Conseil de sécurité est incapable d’adopter une résolution permettant d’accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Le vote a été reporté par deux fois et les membres cherchent la bonne formule pour éviter un veto des Etats-Unis, principal allié d’Israël. Le texte, qui réclamait initialement une « cessation urgente et durable des hostilités » à Gaza, évoque désormais une « suspension » des combats.
L’épicentre de Khan Younès
Sur le terrain, les bombardements se poursuivent. Des sources gouvernementales du Hamas ont fait état de frappes israéliennes à Rafah, Khan Younès (sud), Deir el-Balah (centre), dans le secteur nord de la ville de Gaza, qui ont fait au moins 11 morts, d’après de premières estimations. L’armée israélienne a expliqué intensifier ses opérations à Khan Younès.
Elle a aussi indiqué avoir découvert des explosifs dans un centre médical de Choujaiya, dans la banlieue de la ville de Gaza, détruit des tunnels du Hamas et tué des cadres du mouvement, lors de récentes opérations. L’armée a annoncé le 20 décembre la mort d’un nouveau soldat. Au total, 133 militaires israéliens ont été tués depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre.
Soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, le territoire palestinien est confronté à une profonde crise humanitaire : la plupart de ses hôpitaux sont hors service et 85% de sa population, soit 1,9 million de personnes, a fui les destructions au nord de l’enclave pour se réfugier au sud. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU publié mercredi, la moitié de la population souffre de faim extrême ou sévère, et 90% est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière.
Même si 127 camions d’aide et de marchandises sont encore entrés dans le territoire mardi par les points de passage de Rafah, via l’Egypte, et de Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, ces ravitaillements sont très loin de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population. Seules 10% des denrées alimentaires actuellement nécessaires sont entrés dans la bande de Gaza au cours des 70 derniers jours, selon le rapport. « Sans l’eau potable, la nourriture et les installations sanitaires que seul un cessez-le-feu humanitaire peut apporter, les décès d’enfants dus à la maladie pourraient dépasser ceux qui ont été tués dans les bombardements », a averti mardi un porte-parole de l’Unicef.
« Ni eau, ni nourriture »
« Nous ne savons pas où aller. Aujourd’hui, il n’y a ni eau, ni nourriture, il n’y a rien », a confié à l’AFP Nizar Chahine, un adolescent de 15 ans déplacé par les combats à Rafah, ville du sud où s’entassent des centaines de milliers de personnes. À Deir el-Balah, dans le centre du territoire, Youssef Journi se désespère devant les rayons vides des épiceries. « Si la guerre continue, vous ne trouverez rien dans les magasins, les gens ne trouveront même pas un grain de farine à consommer », soupire-t-il.
Outre la situation à Gaza, la communauté internationale redoute également une extension du conflit au Proche-Orient. Mardi, l’armée israélienne a indiqué avoir ciblé des positions du Hezbollah, l’allié islamiste du Hamas au Liban, après avoir intercepté des tirs en provenance du pays voisin. Deux réservistes ont été légèrement blessés après des tirs contre une position israélienne près de la frontière, a-t-elle rapporté dans un communiqué.
Au Yémen, les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont eux juré de continuer leurs attaques sur les navires commerciaux en mer Rouge, qu’ils estiment « liés à Israël », malgré le lancement d’une nouvelle force multinationale de protection maritime incluant 10 pays. Ces attaques « menacent » la libre circulation des marchandises, s’est inquiété mardi le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, lors d’une réunion virtuelle avec de hauts représentants de 43 pays organisée avec l’espoir de mobiliser d’autres partenaires.
(Avec AFP)
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