Poutine-Sissi : Monsieur 76 % félicite Monsieur 89%

Le 18 décembre, le président russe a salué la victoire de son homologue égyptien… et a profité de l’occasion pour louer le rapprochement entre leurs pays.

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Publié le 20 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

À l’annonce, le 18 décembre, de la réélection d’Abdel Fattah al-Sissi à la présidence de la République arabe d’Égypte se sont succédées des réactions enamourées ou, à tout le moins, diplomatiquement correctes. Vladimir Poutine a ainsi qualifié la victoire de son homologue de « convaincante ». Sans préjuger d’une éventuelle nuance de traduction du russe vers l’arabe, cet adjectif exprime la persuasion tout en soulevant quelques points de nature à discussion.

Si le président de la Fédération de Russie ne s’est pas montré plus dithyrambique en évoquant le score pourtant sans appel (89,6 % des voix) obtenu par Sissi, serait-ce par jalousie ? Poutine, lui, n’avait obtenu « que » 52,94% en 2000, 71,22% en 2004, 63,6% en 2012 et 76,7% en 2018…

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Peut-être le président russe n’a-t-il pas voulu en rajouter tant le maréchal égyptien a obtenu un score « outrageusement écrasant » face à des candidats jugés largement « invisibles ». Pour le raïs égyptien, ce nouveau mandat de six ans, qui est tout sauf une surprise, est censé être le dernier qu’il exercera – si l’on s’en tient à la Constitution égyptienne.

Le « mérite » du raïs

Dans le communiqué de félicitations qu’il a adressé à l’heureux (ré)élu, Vladimir Poutine n’a pas manqué de souligner tout l’intérêt que la Russie porte à l’Égypte. La victoire de Sissi, a-t-il écrit, est la « preuve évidente » du mérite du chef de l’État sortant « dans la résolution des problèmes socio-économiques et diplomatiques » auxquels l’Égypte est confrontée et de la « reconnaissance » de la population égyptienne. Le dirigeant russe a également salué la « contribution » du vainqueur au rapprochement entre leurs deux pays.

Dans la foulée des récents forums économiques et diplomatiques, tels que les sommets Russie-Afrique, qui ont alléché toute une série de nations africaines, Le Caire s’est lui aussi rapproché de Moscou. Même si l’Égypte entretient depuis longtemps des relations très cordiales avec les États-Unis, le maréchal Sissi a tenu à dynamiser la coopération avec Moscou, et ce dès son arrivée au pouvoir, en 2014. Poutine, de son côté, insiste sur la nécessité de « poursuivre un travail commun ».

En octobre 2015, un avion russe avait explosé après avoir décollé de la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Cela n’avait pas empêché les deux pays de signer, en novembre suivant, un accord portant sur la construction de la première centrale nucléaire d’Égypte. En octobre 2018, un accord de coopération stratégique a suivi. Des relations qu’un Vladimir Poutine vilipendé en Occident aimerait certainement voir rester « convaincantes »…

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Bus de campagne du président Abdel Fattah al-Sissi, au Caire, le 2 octobre 2023. © Photo by Khaled Desouki / AFP)

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