La présidentielle 2024 en Mauritanie, un scrutin joué d’avance ?
2024, un grand test démocratique pour l’Afrique
Ouvertes ou jouées d’avance, de nombreuses consultations électorales, dont neuf présidentielles, sont attendues cette année sur le continent. Tour d’horizon.
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a beau entretenir un vrai-faux suspense, il est déjà en précampagne. Les Mauritaniens lui reprochant d’être trop distant, le chef de l’État, élu une première fois en juin 2019, multiplie les inaugurations et les visites de grands chantiers, à Nouakchott, enjoignant aux responsables de terminer rapidement les travaux. Le 30 octobre dernier, il a accordé sa première interview à la presse locale afin de défendre son bilan.
Le président s’est montré particulièrement actif sur le terrain social. Il a revalorisé les retraites des fonctionnaires, créé une couverture maladie universelle et doté la Délégation à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion (Taazour) d’un budget de 500 millions de dollars.
Mais il a aussi pris des décisions très impopulaires, comme l’élaboration de la loi portant protection des symboles nationaux, votée en décembre 2021, et susceptible de porter atteinte à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Des blogueurs ont été arrêtés sur le fondement de ce texte, ce qui a suscité l’incompréhension des Mauritaniens.
Biram Dah Abeid, seul adversaire ?
Durant le premier mandat de Ghazouani, le pays a, comme tant d’autres, souffert des conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Le bilan du chef de l’État a également été parasité par le procès de Mohamed Ould Abdelaziz, ouvert le 25 janvier 2023. L’ex-président a été condamné pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent à cinq années de prison, à la confiscation de l’ensemble de ses biens et à une peine d’inéligibilité qui l’empêchera de peser sur le scrutin de 2024.
Sauf coup de théâtre, et en l’absence de réels contre-pouvoirs, Ghazouani ne devrait pas avoir face à lui une personnalité susceptible de contrarier ses ambitions. Seul Biram Dah Abeid, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, fait office de potentiel adversaire, à moins qu’un candidat surprise ne se déclare au dernier moment. Cela avait été le cas en janvier 2019, lorsque Sidi Mohamed Ould Boubacar, l’ancien Premier ministre, s’était lancé dans la course avec le soutien de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou.
L’opposition traditionnelle, qui a très vite fait le choix de se rapprocher du pouvoir, s’est effondrée lors des élections législatives, municipales et régionales de mai 2023. En septembre suivant, Ahmed Ould Daddah et Mohamed Ould Maouloud ont d’ailleurs signé une charte avec El Insaf, le parti au pouvoir, ouvrant la voie à un dialogue, auquel ils souhaitent rallier un maximum de participants. Les islamistes de Tawassoul, première force d’opposition, sont vent debout contre ce projet. Ils manœuvrent en coulisses, sans dévoiler leur stratégie. Il n’empêche, à six mois de l’élection les dés semblent jetés.
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