Au Tchad, « oui » et « non » toujours face-à-face

Alors que les résultats provisoires du référendum constitutionnel doivent être annoncés ce 24 décembre, le Tchad est toujours divisé entre le camp du oui et celui du non, qui revendiquent chacun la victoire.

Les résultats officiels du référendum constitutionnel seront annoncés le 28 décembre. Ici, à N’Djamena le jour du vote, le 17 décembre 2023. © DENIS SASSOU GUEIPEUR/AFP

Les résultats officiels du référendum constitutionnel seront annoncés le 28 décembre. Ici, à N’Djamena le jour du vote, le 17 décembre 2023. © DENIS SASSOU GUEIPEUR/AFP

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 22 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

L’attente touche à sa fin. Tandis que le référendum constitutionnel a eu lieu le 17 décembre dernier, les résultats provisoires sont attendus pour le 24 décembre. Ils devront être confirmés – ou non – par la Cour suprême, qui proclamera les chiffres définitifs le 28. Si le oui devait l’emporter, comme l’espère le président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, la nouvelle Constitution serait promulguée dès le 1er janvier 2024.

Le « non » confiant

Sauf, évidemment, soucis et reports de dernière minute. Car, comme lors de la campagne qui a précédé le vote, les deux camps continuent de s’affronter depuis le scrutin. Le non donne particulièrement de la voix, en s’appuyant sur une forte abstention constatée en particulier dans les bureaux de vote de la capitale, N’Djamena, le 17 décembre. « C’est un désastre électoral pour le gouvernement et le camp du oui », résume un des opposants à la nouvelle Constitution.

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« L’abstention nous montre l’ampleur du rejet, non seulement du texte mais aussi de la transition elle-même. Le président Mahamat Idriss Déby Itno va devoir tenir compte de cela et amorcer un changement de cap », ajoute cette source. « Les deux camps ont fait de l’abstention le baromètre de leur succès, analyse un observateur politique à N’Djamena. Les opposants l’assimilent à un non, et le président ne veut pas d’une Constitution adoptée avec moins de 50 % de votants. »

Or l’engouement pour le scrutin semblait être extrêmement limité dans la capitale, où nombre de bureaux de vote paraissaient déserts une partie de la journée du 17 décembre. « Les images sont là. Tout le monde les a vues. Le pouvoir ne va pas pouvoir dire que les gens ont voté », espère un membre de la société civile opposé au projet de nouvelle Constitution.

Bourrage d’urnes

Le camp du oui ne nie pas l’abstention. Mais il la relativise volontiers : « Comme souvent, nos adversaires focalisent leur attention sur N’Djamena, une ville qui peut leur être favorable. Mais nous savons qu’en province, les Tchadiens ont massivement voté. Le non ne devrait pas crier victoire trop vite », explique un membre du gouvernement.

Le vice-président de la coalition pour le oui, l’ancien secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS) Mahamat Zene Bada, est quant à lui catégorique et affirme même que la victoire de son camp est certaine. Félicitant les Tchadiens pour leur « grandeur d’esprit », il a d’ores et déjà promis d’organiser une grande célébration, sitôt les résultats du référendum annoncés.

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« Le risque est que le oui soit déclaré vainqueur et que le camp du non ne l’accepte pas », avertit une source diplomatique. Des cas de bourrage d’urnes ont en effet été constatés, qui pourraient alimenter une éventuelle contestation des chiffres. La coalition a d’ailleurs tenté de prendre les devants, par la voix de Mahamat Zene Bada.

« Nous avons vu comme tout le monde des bureaux en train de bourrer les urnes sur les réseaux sociaux. Nous demandons donc, au nom de la coalition, à la commission chargée de l’organisation [Conorec] de faire une investigation et, si cela est vérifié, le résultat de ce bureau devra être annulé purement et simplement », a-t-il déclaré lors d’un point de presse. Suffisant pour apaiser les esprits ?

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