La France et le risque de « lepénisation » des conditions d’immigration

Complexe et pas encore entérinée, la loi immigration, dont le projet a été adopté par l’Assemblée nationale et le Sénat français, génère un profond malaise.

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Publié le 21 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Jeu de miroir ou jeu de dupes dans une France qui se droitise ? Après l’entreprise de dynamitage du clivage gauche-droite par la macronie, le projet de loi immigration adopté, ce mardi 19 décembre 2023, par chaque chambre du Parlement n’échappe pas à une lecture politicienne franco-française. Fier de ne pas avoir usé, cette fois, de l’article 49.3, le gouvernement n’en sort pas moins fissuré, après un piège tendu par l’extrême droite, avec la complicité presque involontaire de la gauche mélenchoniste, initiatrice du vote de blocage qui a conduit au durcissement des mesures initiales. Et les Républicains de reprendre un peu de couleurs, comme si les exilés de leur camp – Gérald Darmanin ou Bruno Le Maire – retournaient idéologiquement au bercail.

Au-delà des chamailleries politiques nationales, ce sont évidemment les migrants qui ouvrent de grands yeux inquiets, qu’ils soient clandestins ou réguliers, effectifs ou candidats au départ. Et cela sans surestimer le besoin d’Europe quelque peu contredit par les chiffres : les organismes spécialisés viennent de dévoiler qu’il y a davantage de migrants européens que de migrants africains.

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« Victoire idéologique » pour Marine Le Pen

Alors que, récemment, la route de la migration a déjà été partiellement obstruée par des fâcheries bilatérales qui ont asséché le nombre de visas français délivrés, la « victoire idéologique » annoncée par Marine Le Pen esquisse des tendances plus que symboliques. Sans épuiser un texte qui doit encore être validé et ratifié, trois aspects inspirent réflexion aux observateurs africains.

Primo, même si le président français sans majorité n’est pas pour autant en cohabitation, il reconnaît avaler, en l’état, des couleuvres dont il a donné un exemple, mercredi soir : l’instauration d’une caution pour les étudiants étrangers arrivant de pays hors de l’Union européenne, somme destinée à financer une éventuelle « mesure d’éloignement » après l’expiration du titre de séjour. En 2019, Édouard Philippe, alors Premier ministre, avait déjà annoncé l’augmentation des frais de scolarité des universités françaises pour les étudiants non européens. Élisabeth Borne, qui occupe aujourd’hui le poste, a évoqué la possibilité que la caution puisse être « revue ».

Esquive

Un autre point plus que symbolique est celui de la santé. Mercredi, le gouvernement confirmait la démission du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, pour opposition au projet de suppression de l’aide médicale d’État, maintenue pour les sans-papiers, mais moyennant une réforme du dispositif en 2024.

Enfin, l’expression épouvantail de « préférence nationale » chère à Jean-Marie Le Pen est réapparue, un délai de carence avant l’attribution de certaines prestations sociales devant être adopté. Invité par lui-même, dans une émission de France 5 délocalisée à l’Élysée, Emmanuel Macron a précisé que la « priorité nationale » ne venait pas d’être introduite puisqu’elle existait déjà, par exemple pour la prime d’activité ou le revenu de solidarité active. Esquive bien tentée.

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