Élections en RDC : dans l’attente des premiers résultats partiels
Après une première journée décrite comme chaotique par l’opposition, les élections générales ont par endroits repris ce 21 décembre. La commission électorale, qui a annoncé la fin officielle du scrutin jeudi dans la soirée, a fait savoir que les premiers résultats partiels seraient publiés le 22 décembre.
Les élections générales entamées mercredi 20 décembre en RDC se sont poursuivies ce jeudi dans les bureaux de vote qui n’avaient pu ouvrir la veille en raison du chaos logistique constaté dans l’ensemble du pays. Alors que des électeurs votaient encore* mais que le dépouillement était déjà en cours dans certains bureaux, un responsable de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a annoncé sur la radio Top Congo que les tout premiers résultats partiels de la présidentielle seraient publiés dès le 22 décembre.
Une information confirmée dans la soirée par la Ceni : « Les bureaux de vote et de dépouillement doivent impérativement finaliser les opérations » et « aucun ne sera autorisé à fonctionner au-delà du 21 décembre », lit-on dans le communiqué de l’instance électorale. Le Dr Didi Manara, deuxième vice-président de la Ceni, a pour sa part justifié la décision de prolonger les opérations de vote, en rappelant notamment le précédent de 2011. « Ce n’est pas la première fois, et si nous le faisons, c’est que nous pensons, à la Ceni, que le droit de vote est un droit fondamental, qui est au-dessus des conciliabules politiques ou du respect des délais », a-t-il argué.
? #Élections2023 | Communication du 2e Vice-Président de la CENI https://t.co/AggguSJDwI
— Ceni-RDC (@cenirdc) December 21, 2023
Le président sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat. Il fait face à dix-huit candidats, dont plusieurs poids lourds de l’opposition qui ont dénoncé le « chaos total » et les « irrégularités » entourant selon eux ces élections générales (présidentielle, législatives, provinciales et locales).
Une première journée chaotique
Il était difficile, ce 21 décembre, d’estimer combien de bureaux, sur un total d’environ 75 000, étaient concernés par la prolongation du vote, décidée au soir d’une première journée particulièrement compliquée. C’était notamment le cas de bureaux situés dans des villages difficilement accessibles, mais également dans des grandes villes, comme Kinshasa ou Lubumbashi (Sud-Est), ont constaté des journalistes.
À l’Académie des Beaux-Arts de la capitale, par exemple, des dizaines de personnes étaient encore dans la file d’attente à la mi-journée. La veille, « la machine à voter avait pété » et les gens n’ont pas pu voter, ont expliqué sur place des agents de la Ceni. Ce jeudi, l’agitation paraissait être retombée et les électeurs, assis sur des bancs, allaient glisser leur bulletin dans l’urne à tour de rôle, tandis que le dépouillement était déjà en cours dans d’autres bureaux.
De gros retards
À l’autre bout du pays, dans le Nord-Kivu (Est), « tout se passe bien, les opérations électorales ont débuté à 06 h 00 » ce jeudi, a assuré au téléphone Likanga Ikobo, le chef d’un groupement de villages du territoire de Walikale, interrogé depuis la capitale provinciale Goma.
Deux villages du sud du Lubero, autre territoire du Nord-Kivu, « votent depuis ce matin », indique aussi Amini Mumbere, fonctionnaire délégué du gouverneur. Dans ces villages comme dans d’autres localités éloignées des centres urbains, le matériel électoral n’était pas arrivé à temps pour organiser le vote le jour prévu, tandis que l’immense majorité des bureaux ayant ouvert l’ont fait avec des retards conséquents.
Plus de 44 millions d’électeurs, sur un total d’environ 100 millions d’habitants, étaient appelés aux urnes pour choisir parmi plus de 100 000 candidats sur les rangs pour le quadruple scrutin. Dans un communiqué, le gouvernement a reconnu « le retard constaté dans l’ouverture de certains bureaux de vote ». Mais il a félicité le peuple congolais pour sa « mobilisation » et la Céni pour sa « détermination » à organiser des élections qui se sont selon lui « globalement » bien déroulées.
Des « élections ratées »
Cinq candidats de l’opposition à la présidentielle ont en revanche exigé « la réorganisation de ces élections ratées, par une Ceni autrement composée ». Parmi les adversaires de Félix Tshisekedi figurent Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga (Sud-Est), Martin Fayulu, qui affirme que le président sortant lui a volé la victoire en 2018, ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.
Suspicieux dès le départ à l’égard du processus électoral, tous ont appelé leurs militants à surveiller de près le dépouillement et l’affichage des résultats. Des tensions sont redoutées lorsqu’ils seront annoncés.
Ce jeudi, Moïse Katumbi a publié un communiqué, co-signé avec les candidats qui l’ont rejoint, à savoir Franck Diongo, Matata Ponyo Mapon, Delly Sesanga et Seth Kikuni. Il y dénoncent « une fraude généralisée » et appellent à la « mobilisation générale de la population ».
(avec AFP)
(*) Cet article a été réactualisé avec l’annonce officielle de la fin des opérations de vote, jeudi soir par la Ceni.
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