« Les Bonnes Ondes » de Mehdi El Kindi
Ces podcasteurs qui agitent le Maghreb
Le premier festival maghrébin de podcast qui s’est tenu du 7 au 9 décembre à Tunis a réuni plusieurs jeunes podcasteurs de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie. L’occasion de mieux vulgariser un format qui séduit de plus en plus.
CES PODCASTEURS QUI AGITENT LE MAGHREB, 2/3 − Issu du monde musical et chroniqueur pour la radio 2M, Mehdi El Kindi co-crée, en 2021, son premier podcast autour de la musique Gnaoua, « Rencontre en pays Bamanan ». Cette première expérience emmène l’auditeur avec quatre musiciens à Ségou, ancienne capitale du royaume Bambara au Mali. Le podcast, en co-production avec l’association Afrikayna, raconte leur voyage musical aux origines de la musique Gnaoua. « C’était une première expérience intéressante avec surtout beaucoup de matière à trier », plaisante Mehdi El Kindi pour décrire les aléas du montage. Sans se décourager, il lance son propre studio, accompagné de la sortie du site web « les Bonnes Ondes ».
Ces trois dernières années, le site a accueilli près d’une centaine de productions. Un pari réussi pour ce producteur originaire de Casablanca qui se focalise sur le mixage, l’écriture, l’accompagnement et la formation de Marocains voulant se lancer dans le podcast.
Les profils sont très divers, artistes, universitaires ou journalistes, chacun peut développer un projet de A à Z avec les Bonnes Ondes, et être aussi accompagné dans la recherche de financements. Mehdi El Kindi donne également des formations au podcast et à la création sonore en partenariat avec l’ONG Making Waves, qui aide à développer les initiatives radiophoniques, et l’Institut français du Maroc. « Nos studios sont ouverts à tous et à toutes, du moment qu’il y a une histoire intéressante à raconter et que les voix sont agréables à entendre. C’est un espace de liberté », assure-t-il.
Faire parler les Marocains
Sur la plateforme, du récit d’une concubine aux sons du marché de Casablanca, l’auditeur dispose d’un vaste choix. Pour Mehdi El Kindi, il s’agit de faire parler les Marocains « qui aiment beaucoup discuter, mais plus de faits et non d’émotions ou de ressenti », confie le producteur. Avant d’ajouter : « On part donc d’histoires humaines pour raconter des choses plus profondes. » L’atout des Bonnes Ondes est d’avoir trouvé un modèle économique viable : Mehdi travaille à plein temps avec une équipe de quatre personnes et cherche différents modèles de financements en fonction des formats ou du contenu.
Il multiplie aussi les formations pour aider davantage d’amateurs à se lancer. Le podcast « Insomnie », une série de contes, attire des auditeurs au Maroc, mais aussi en France et en Belgique. « Nous arrivons à toucher la diaspora marocaine, c’est vraiment l’avantage de ce format qui permet d’être écouté partout. » Malgré le développement continu de son entreprise à travers des co-productions, des adaptations de conférences, des fictions ou encore du contenu sonore pour des marques et des ONG, Mehdi El Kindi dit privilégier le côté « artisan du son » et non pas « start-up » de son produit.
Explorer la création sonore
Sur les Bonnes Ondes, l’intime n’est pas la seule porte d’entrée vers le podcast, « Aattchanin » (« ils ont soif » en dialecte marocain) traite par exemple de l’urgence climatique à travers l’histoire d’une famille résidant près d’un barrage et directement victime de la sécheresse, racontée par Dounia Z. Mseffer, journaliste d’investigation. De son côté, « Kalimat Riyadia » met en valeur le parcours de jeunes Marocains autour du sport, pour le compte de la Marocaine des jeux et des sports.
Dans les « Micro confidences », un épisode, s’insère dans le quotidien d’un voleur et de son addiction. Un autre révèle les dessous d’une ville minière, Jerada, dans la région de l’Oriental avec le portrait d’une mère courage. Mehdi a d’ailleurs utilisé ce format des micro-confidences pour raconter un traumatisme, sa propre expérience des attentats de Casablanca, vingt ans après. Une série de cinq attentats suicides, le 16 mai 2003, avait causé la mort de 33 civils et fait plus d’une centaine de blessés. L’expérience thérapeutique du podcast lui a permis de libérer sa parole sur ce sujet.
Dans un registre plus léger, « Dima Dayma » sensibilise à l’environnement à travers le parcours d’un déchet – un sac plastique – qui raconte littéralement sa vie à l’antenne. Autant de créations sonores que Mehdi El Kindi veut continuer d’explorer. « J’ai envie de développer le documentaire, le reportage, des formats que l’on retrouve moins à la radio par rapport aux “talks” (entretiens) », évoque ce féru de son, qui produit aussi des projets personnels avec son équipe dans une volonté d’autoproduction. « L’idée est d’aller plus vite sur des projets dont le montage financier nous semble compliqué, nous préférons qu’une partie de notre budget marketing passe dans la production de ce type de format plutôt que de créer de la frustration par des projets non aboutis », explique ce créateur, qui forme aussi les plus novices à la webradio.
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Ces podcasteurs qui agitent le Maghreb
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