Au Bénin, selon Talon, la loi d’amnistie proposée par l’opposition est « techniquement impossible »
Le président béninois Patrice Talon a déclaré qu’il n’était « même pas possible techniquement » d’adopter la loi d’amnistie pour les prisonniers politiques présentée par l’opposition, répétant que seul le Parlement en avait le pouvoir.
Lors d’un entretien retransmis à la télévision nationale samedi soir, le président béninois Patrice Talon a déclaré qu’il était « techniquement impossible » d’adopter la loi d’amnistie pour les prisonniers politiques proposée par l’opposition. « Peut-être que les Béninois ne savent pas exactement le contenu de ce que demandent les Démocrates. […] Pour moi, par sincérité, ils n’y croient pas, parce qu’ils demandent quelque chose qui n’est même pas possible techniquement », a objecté le président.
Fin novembre, les Démocrates, le principal parti d’opposition au Bénin, avaient dénoncé l’« inflexibilité » du président Patrice Talon, qui s’est opposé à l’adoption de cette loi au cours de sa rencontre avec l’opposant Thomas Boni Yayi, à la tête de ce parti. Depuis l’arrivée de Patrice Talon à la tête du Bénin, de nombreux dirigeants de l’opposition ont été emprisonnés ou se sont exilés, mettant à mal l’image de démocratie multipartite du pays. Une telle loi permettrait la libération de détenus politiques et le retour de ceux qui se sont réfugiés à l’étranger.
« Même si le Parlement était à 100% démocrate, une telle loi ne pourrait pas être votée. On ne peut pas choisir comme ça, sélectionner dix, vingt ou trente personnes dans le pays et dire, ceux-là on les amnistie de tout ce qu’ils ont fait. Ce n’est pas possible », a commenté Patrice Talon. « On peut amnistier pour un événement, un fait particulier comme on a fait en 2019. Il y a eu une situation grave. Tous ceux qui ont été impliqués ont été amnistiés », a-t-il ajouté.
« Cris du cœur »
Le cas de l’opposante et ancienne ministre de la Justice Reckya Madougou, dont l’opposition réclame la libération, a été évoqué par le président. Cette dernière a été condamnée à vingt ans de prison pour complicité d’actes terroristes en décembre 2021. « Elle a été condamnée parce qu’elle a commandité l’assassinat de l’ancien maire de Parakou et ses complices ont été arrêtés et sont passés aux aveux. On a vu les traces des échanges par lesquels les gens ont été payés, mandatés pour commettre un assassinat, commandité par une femme », a relaté Patrice Talon à la télévision.
« Nous avons enregistré avec grande tristesse son refus d’être attentif à nos cris du cœur par rapport à Mme Madougou », avait déclaré Eric Houndété, le premier vice-président des Démocrates, au cours d’une conférence de presse organisée en novembre. En 2021, Reckya Madougou avait été interdite de se présenter à l’élection présidentielle, qui a vu Patrice Talon remporter un second mandat avec 86 % des voix. Patrice Talon a répété pendant l’entretien que seul le Parlement béninois avait le pouvoir de faire adopter cette loi d’amnistie.
(avec AFP)
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