En RDC, le cardinal Fridolin Ambongo qualifie les élections de « gigantesque désordre »

Dans sa messe de Noël, l’archevêque de Kinshasa a qualifié de « gigantesque désordre organisé » les élections de cette semaine en République démocratique du Congo.

Le cardinal Fridolin Ambongo, à Kinshasa, le 1er février 2023. © Arsene Mpiana / AFP

Le cardinal Fridolin Ambongo, à Kinshasa, le 1er février 2023. © Arsene Mpiana / AFP

Publié le 25 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

« Avec engouement, avec détermination, nous étions sortis nombreux exprimer démocratiquement nos préférences », a déclaré le cardinal Fridolin Ambongo devant les fidèles rassemblés dans la cathédrale Notre-Dame du Congo, dans la commune de la Gombe de Kinshasa. « Mais hélas !, a-t-il poursuivi, ce qui aurait dû être une grande célébration des valeurs démocratiques s’est vite transformé pour beaucoup en frustrations ».

Les élections ont été « un gigantesque désordre organisé. Vous en êtes tous témoins », a lancé l’archevêque, qui a notamment évoqué des « images insoutenables », une allusion à une vidéo ayant montré l’agression d’une femme parce qu’elle avait voté pour l’opposition. « Quelle image donnons-nous de notre pays sur la scène internationale ? Comment pouvons-nous descendre aussi bas ? », a encore dit le prélat, dans son message prononcé d’abord en français, puis en lingala.

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L’Église catholique est très influente et traditionnellement critique à l’égard du pouvoir en RDC.

Près de 44 millions d’électeurs, sur environ 100 millions d’habitants, étaient appelés à élire mercredi leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux.

Manifestation

Le chef de l’État sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat face à 18 autres candidats, dont certains ont dénoncé le « chaos » et les « irrégularités » ayant selon eux entaché le vote. Certains prévoient une manifestation pour mercredi prochain, d’autres demandent l’annulation pure et simple des élections.

Parmi ces opposants figurent Moïse Katumbi, un ancien gouverneur de la région minière du Katanga, Martin Fayulu, qui affirme que la victoire lui a été volée à l’élection de 2018, et Denis Mukwege, prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre.

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Face aux multiples problèmes logistiques, le scrutin a été prolongé par la commission électorale nationale indépendante (Céni). Officiellement, il est terminé depuis jeudi soir mais il s’est poursuivi jusqu’en fin de semaine dans des zones reculées de plusieurs provinces.

« Pour l’heure, je vous exhorte à la prudence et à la retenue », a dit le cardinal Ambongo. La veille, une quinzaine d’ambassades avaient lancé le même appel. « Nous attendons les rapports de différentes missions d’observation, notamment celui de la mission conjointe de l’Église catholique et de l’Église protestante, qui pourraient nous aider à prendre la mesure des irrégularités constatées et à en évaluer l’impact sur la crédibilité de ces élections », a conclu le prélat.

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Au même moment et dans la même commune, de son centre opérationnel spécialement aménagé pour les élections, la Céni a continué de publier des résultats partiels de la présidentielle, ce qu’elle avait commencé à faire vendredi avec le vote de la diaspora. Elle prévoit de diffuser d’autres résultats lundi.

(Avec AFP)

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