Au Tchad, un « oui » au référendum contesté par l’opposition
Les Tchadiens ont approuvé avec 86 % des voix le projet de nouvelle Constitution. Les résultats définitifs seront proclamés le 28 décembre.
D’après les résultats provisoires du référendum du 17 décembre, le « oui » l’a emporté avec 86 % des voix tandis que le « non » a obtenu 14 % des suffrages, a indiqué dimanche 24 décembre la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (Conorec). Le taux de participation s’établit, lui, à 63,75 %
Ce référendum constitue une étape-clé vers le retour du pouvoir aux civils, la transition devant s’achever à la fin de 2024. La Conorec s’est félicitée de la bonne tenue du vote et n’a relevé que des « dysfonctionnement mineurs ».
La nouvelle Constitution, qui prône « un État unitaire et décentralisé », ne diffère pas de celle précédemment adoptée, le chef de l’État concentrant toujours l’essentiel du pouvoir. Le texte l’autorise aussi à se présenter aux prochaines élections. « Les Tchadiens ont voté pour l’État unitaire fortement décentralisé à 86 %. Cependant, il faudrait aussi écouter les 14 % des Tchadiens qui ont voté non à travers le message qu’ils veulent porter », a relevé le porte-parole de la coalition qui avait fait campagne pour le « oui ».
L’opposition a aussitôt contesté les résultats. « Ils ont transformé les résultats, montés depuis longtemps, pour les rendre publics aujourd’hui. C’est une honte pour le pays », a dénoncé Banyara Yoyana, président du Bloc fédéral, qui a appelé à voter non au scrutin. Cette frange de l’opposition prône le fédéralisme.
Pour Max Kemkoye, le président du Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP) qui appelait au boycott, « le taux de participation serait moins [élevé] que ce que la Conorec a annoncé. Tout le monde a vu le jour du vote que le boycott a été respecté. »
Vers une perpétuation de la « dynastie » Déby
Une partie de l’opposition et de la société civile voit dans ce référendum une manoeuvre destinée à préparer l’élection du président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno. Ce dernier est arrivé au pouvoir après la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué au front dans des affrontements avec des rebelles en avril 2021.
Le 20 octobre 2022, 100 à 300 jeunes manifestants avaient été tués par balles à N’Djamena par les policiers et militaires, selon l’opposition et des ONG nationales et internationales. Ils protestaient contre la prolongation de deux ans de la transition. Plus d’un millier ont été emprisonnés avant d’être graciés ; d’autres restent portés disparus selon ONG et opposition.
Les résultats définitifs proclamés par la Cour suprême sont attendus le 28 décembre.
(Avec AFP)
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