Au Nigeria, une série d’attaques ensanglante le centre du pays
Une vingtaine de villages de l’État nigérian du Plateau ont subi les assauts de bandes armées entre le 23 et le 25 décembre. Près de 200 victimes sont à déplorer, selon un bilan encore provisoire, et des milliers d’habitants tentent de fuir la région.
Le bilan des attaques des villages de l’État du Plateau, dans le centre du Nigeria, qui ont commencé le 23 décembre au soir et n’ont pris fin qu’au matin du 26 décembre, s’est alourdi mercredi 27 décembre à près de deux cents morts, au moment où les victimes commencent à être enterrées, ont indiqué les autorités locales.
L’identité des assaillants n’est pas connue pour le moment, dans cette région en proie depuis plusieurs années à des tensions religieuses et ethniques.
Le président du conseil du gouvernement de Bokkos, Monday Kassah, a déclaré avoir dénombré « 148 villageois de Bokkos massacrés de sang-froid » lors de sa rencontre avec le vice-président du Nigeria, Kashim Shittema, auxquels s’ajoutent « au moins cinquante personnes tuées » dans quatre villages de la circonscription voisine de Barkin Ladi, selon Dickson Chollom, un élu de l’assemblée locale, mercredi 27 décembre. Le précédent bilan faisait état de 163 morts.
« Rhétorique empoisonnée de haine »
« Nous vous demandons de résister à la tentation de succomber aux divisions ou à la rhétorique empoisonnée de haine envers vos concitoyens, alors que nous recherchons la justice pour assurer votre sécurité » a déclaré le 27 décembre Kashim Shittema devant les autorités locales et des déplacés.
« Pas moins de vingt villages » ont été attaqués entre samedi 23 décembre au soir et lundi 25 décembre au matin, a précisé Monday Kassah, soulignant que « les attaques étaient bien coordonnées ». Il y a pour l’heure, « cinq cents blessés et des milliers de déplacés », a-t-il déclaré. Un grand nombre de victimes ont été enterrées mardi 26 décembre. « Cent cinquante personnes » a indiqué Timothy Nuwan, vice-président de l’Église du Christ dans les nations (COCIN).
« Il y a beaucoup de gens qui ont été tués, abattus comme des animaux, de sang-froid, certains étaient dans leurs maisons, d’autres étaient même à l’extérieur. Aujourd’hui, nous avons enterré environ cent cinquante [personnes] dans toute la zone”, explique-t-il.
Groupes jihadistes et bandes criminelles
Le major-général Abdussalami E. Abubakar qui a assisté à l’un des enterrements dans une fosse commune au village de Maiyanga à Bokkos, est revenu sur les difficultés qu’ont rencontrées les forces de sécurité lors des attaques. « Jusqu’à 4 heures du matin, il y a eu trente-six appels différents [la veille de Noël]. Nous étions débordés. Et cela aurait pu être pire, bien pire », a expliqué le major-général aux habitants du village.
Le 26 décembre, le président nigérian Bola Tinubu a ordonné « aux agences de sécurité d’intervenir immédiatement, de parcourir chaque parcelle de la zone et d’appréhender les coupables », après avoir condamné « fermement les attaques », a déclaré la présidence dans un communiqué.
Le gouverneur de l’État du Plateau, Caleb Mutfwang, a également appelé « à des efforts unis pour identifier et appréhender les responsables de ces actes odieux » dans un document officiel le même jour. Les populations des régions du nord-ouest et du centre du Nigeria vivent dans la terreur des attaques des groupes jihadistes et des bandes criminelles qui pillent les villages et tuent ou enlèvent leurs habitants.
Depuis des années, une âpre compétition fait rage également entre éleveurs et agriculteurs sur ce territoire, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail. Aggravées par le changement climatique et l’explosion démographique dans ce pays de 215 millions d’habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire, entre attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés, mais aussi humanitaire.
Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, qui a pris ses fonctions en mai dernier, a fait de la lutte contre l’insécurité l’une des priorités de son mandat.
(Avec AFP)
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