Sénégal : campagne pour les législatives, en pleine polémique sur des audits

Le Sénégal entre dimanche en campagne pour les législatives du 1er juillet, en pleine controverse sur les audits et les auditions de personnalités de l’ex-régime dénoncés par l’opposition comme un « harcèlement », plus de deux mois après l’élection du président Macky Sall.

Un homme vend des journaux dans une rue de Dakar au lendemain de l’élection de Macky Sall. © AFP

Un homme vend des journaux dans une rue de Dakar au lendemain de l’élection de Macky Sall. © AFP

Publié le 10 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Vingt-quatre listes de partis et coalitions de partis participent à ce scrutin législatif visant à élire pour cinq ans 150 députés. C’est le premier test de popularité de la majorité présidentielle après la victoire de M. Sall le 25 mars face à Abdoulaye Wade, qui était au pouvoir depuis douze ans. La coalition présidentielle part favorite pour ce scrutin malgré des défections de responsables ayant décidé de se présenter sous leur propre bannière.

Après un court état de grâce, elle espère rallier la majorité des suffrages après des mesures gouvernementales relatives notamment à une baisse des prix de denrées de base et une volonté de rationalisation des dépenses de l’Etat ayant conduit à la suppression de 59 agences et directions étatiques jugées "budgétivores". Ces mesures ont été dénoncées par le Parti démocratique sénégalais (PDS, ex-pouvoir) comme des "effets d’annonce".

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En lice, on compte notamment des listes du PDS, majoritaire dans l’actuelle Assemblée élue en 2007, mais aussi de dissidents de ce parti conduits par le président du Sénat et dauphin constitutionnel, Pape Diop, et de nombreux responsables mécontents des investitures. Les 24 listes ont respecté la loi sur la parité hommes/femmes votée en mai 2010 sous M. Wade pour favoriser l’accès des femmes dans les organes de décision. Plus de deux mois après une présidentielle très disputée, ce nouveau rendez-vous électoral ne suscite "pas encore d’engouement", souligne l’hebdomadaire privé Nouvel Horizon, l’actualité étant plutôt focalisée sur les audits lancés par le nouveau pouvoir.

"Enrichissement illicite"

Le président du Sénat, ex-responsable du PDS, et plusieurs responsables de l’ex-pouvoir dont d’anciens ministres ont été ces derniers jours interrogés dans des enquêtes sur leur gestion passée. D’autres auditions sont attendues. Une Cour de répression de "l’enrichissement illicite" a été récemment mise en place pour récupérer l’argent et les biens mal acquis et poursuivre les auteurs de détournement.

Les nouvelles autorités ont également récupéré plusieurs dizaines de véhicules illégalement détenus, selon elles, par des personnalités de l’ex-régime. Des responsables du PDS accusent le pouvoir d’avoir lancé ces audits pour les "intimider et harceler" à la veille des législatives et pour masquer son "incapacité à satisfaire ses promesses de campagne".

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"Si on ne nous rend pas nos voitures, il n’y aura pas d’élections"

"C’est grave que Macky (Sall) saisisse mes véhicules pour faire tranquillement sa campagne. Si on ne nous rend pas nos voitures, il n’y aura pas d’élections", a déclaré mercredi Abdoulaye Wade, annonçant notamment des marches de protestation. Pour El Hadji Amadou Sall, responsable du PDS et ancien ministre de la Justice, "Macky Sall doit lui aussi être audité. Nous avons vu dans (sa) déclaration de patrimoine qu’il a été évalué à plus de 4 milliards (FCFA, près de 6,1 millions d’euros). En 2000, il était locataire. Il a maintenant des immeubles jusqu’aux Etats-Unis".

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"Je vais demander au groupe parlementaire du PDS de proposer à l’Assemblée (nationale) une résolution de mise en accusation pour haute trahison fondée sur l’origine illicite du patrimoine du président Macky Sall", a-t-il dit sans préciser de date. Face à la polémique sur les audits, Macky Sall a exhorté au calme: "Ceux qui n’ont rien à se reprocher doivent être calmes parce que rien ne pourra leur arriver. Nous ne sommes pas une République bananière".

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