Abdelmadjid Tebboune en France : l’arlésienne algérienne
Pour les autorités d’Alger, la venue du président Tebboune en France se prépare, mais les conditions ne sont pas encore « idoines »…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 29 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.
Rarement visite aussi fermement annoncée n’aura été formellement aussi difficile à programmer. Début août, le président algérien déclarait que sa visite prévue en France était « toujours maintenue ». Alors que le séjour était d’abord attendu en mai de cette année, puis en juin, c’est finalement en décembre que le ministre algérien des Affaires étrangères vient d’indiquer, sur la plateforme Atheer de la chaîne Al Jazeera, qu’en « toute sincérité, les conditions de cette visite ne sont pas idoines ». Et bien que celle-ci fasse « toujours l’objet de préparatifs »…
La complexité apparente de l’organisation se justifiait officiellement par le fait qu’il s’agit d’une visite d’État et non d’une « visite touristique« , comme l’indiquait ironiquement Abdelmadjid Tebboune lui-même. La lenteur des préparatifs, elle, était officiellement attribuée à de pures questions de logistique ou d’opportunités de calendrier : le « programme » de l’Élysée auquel le chef de l’État algérien déclarait avoir la délicatesse de se plier ou la crainte d’invisibilisation médiatique, en pleines manifestations contre la réforme française des retraites.
Il est certes essentiel, pour chacune des parties, de réussir un déplacement qui devrait consacrer l’embellie entre les deux nations, après quelques grincements diplomatiques de dents…
Langue de bois et vérités
Au-delà des éléments de langage de bon aloi, Ahmed Attaf vient donc de reconnaître qu’il existe un certain nombre de fâcheries à aplanir avant l’accolade en terre gauloise. Des désaccords notamment en rapport avec les migrations et la mémoire.
Côté mobilité, le débat tendu sur le projet de loi immigration, en France, a mis à l’index l’accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens séjournant en France.
Côté mémoire, si la commission mixte algéro-française a pu se réunir, des deux côtés de la Méditerranée, pour plancher sur l’histoire de la colonisation française, l’éventuelle restitution de l’épée et du burnous de l’émir Abdelkader constitue une pomme de discorde, alors même que le périple français de Tebboune devrait passer par le château d’Amboise, où fut emprisonné l’émir.
Alger demande également « une reconnaissance des dommages causés » par les essais nucléaires français des années 1960, ainsi que « des indemnisations ».
(Im)patience diplomatique
Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, ce sont au total « sur cinq grands et lourds dossiers » que les parties doivent encore parvenir à des accords, avant la programmation de la visite d’État.
La France s’impatientera-t-elle, invoquant peut-être la réciprocité diplomatique, ou plus simplement le devoir de rendre poliment une visite ? C’est pour un voyage officiel et d’amitié que le président français s’était rendu à Alger et à Oran en août 2022. Or, si l’on prête à Abdelmadjid Tebboune l’intention de briguer un nouveau mandat, celui d’Emmanuel Macron est le dernier…
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