Tunisie : deux Libyens appartenant à Aqmi jugés pour le meurtre d’officiers

Deux Libyens ayant séjourné en Algérie dans le maquis d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont comparu samedi devant la justice militaire tunisienne qui les poursuit notamment pour le « meurtre avec préméditation » de deux officiers tunisiens.

Les Libyens Hafedh Dhabaa (2e à d.) et Nabil Youssef (d), membres d’Aqmi. © AFP

Les Libyens Hafedh Dhabaa (2e à d.) et Nabil Youssef (d), membres d’Aqmi. © AFP

Publié le 9 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Hafedh Dhabaa et Nabil Youssef étaient jugés en même temps que quatre coaccusés en fuite, –un Tunisien et trois Algériens–, pour l’assassinat du colonel Tahar Ayari et du capitaine Walid Hajji au cours d’un échange de tirs avec un groupe armé le 18 mai 2011 à Rouhia, à 200 km au nord-ouest de Tunis.

Leur procès s’était d’abord ouvert au Kef (nord-ouest) en novembre 2011 avant d’être porté devant le Tribunal militaire permanent de Tunis, qui examine l’affaire depuis le 26 mai. Peu avant l’audience, deux kalachnikov, des munitions, des produits servant à la fabrication d’explosifs, ainsi que des passeports et un coran ont été exposés devant la presse, autorisée à filmer. Les deux prévenus ont nié avoir transporté les armes saisies ou participé aux accrochages armés, qui avaient fait deux morts parmi les assaillants. Ils ont cependant reconnu être entrés en Tunisie avec des passeports libyens non valides.

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Six chefs d’accusation

Venant d’Algérie, les deux jeunes avaient franchi la frontière tunisienne dans la région montagneuse de Kasserine (sud-ouest) pour regagner la Libye, après avoir séjourné dans les maquis d’Aqmi depuis 2006 dans l’intention de se rendre en Irak. Ils ont été arrêtés le 17 mai par une brigade antiterroriste à Tataouine (extrême sud tunisien, à la frontière libyenne) un jour avant l’accrochage armé de Rouhia. "Ils n’avaient ni armes, ni de munitions, ni plan d’attaques au moment de leur arrestation", a plaidé l’avocat des deux ressortissants libyens Me Mohamed Jmour, qui a demandé l’acquittement. Au total six chef d’accusation pèsent sur eux: homicide avec préméditation, complicité, association de malfaiteurs, détention, transport et fabrication d’armes et entrée illégale en territoire tunisien.

"La Tunisie était l’unique point de passage terrestre pour les deux Libyens qui souhaitaient se joindre à leurs compatriotes en guerre contre le régime de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi", a plaidé Me Jmour. "Ces jeunes avaient été emprisonnés par Kadhafi et ont fui la dictature pour aller combattre l’occupation en Irak. Je suis convaincu de leur innocence" a-t-il déclaré à l’AFP. Il a déploré que la justice n’ait "pas jugé utile de faire procéder à des analyses balistiques et d’empreintes" qui auraient profité à ses clients.

"Sanction extrême"

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Le procureur a requis "l’application de la sanction extrême" (peine de mort) aux cinq accusés qui se sont fait remettre en Algérie des armes et de l’argent par leur Emir dans l’Aqmi, +Abou Hatem+, avant d’entrer en Tunisie". "Durant leurs interrogatoires, les accusés ont reconnu avoir été entraîné aux armes, ce qui prouve leur participation au meurtre", selon lui.

Citant ses deux clients, Me Jmour a en outre fait état de torture, une allégation confirmée à l’AFP par des officiels libyens présents au procès. Parmi eux, un haut responsable du ministère de l’Intérieur, le consul libyen et des délégués de plusieurs associations du "Groupe de défense des Libyens détenus à l’étranger".

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Selon les mêmes sources, les accusés ont été interrogés durant sept jours, assis sur un chaise et complètement dénudés et torturés par électrochocs, a indiqué à l’AFP Taha Shakshuki, l’un des délégués qui a rendu visite aux prisonniers. Les avocats de la partie civile ont réclamé le dédommagement des familles des deux officiers tués dont les veuves ont assisté en pleurs aux plaidoiries samedi. Les deux parties ont décidé d’interjeter appel du jugement mis en délibéré.

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