Sud-ouest ivoirien : huit civils tués dans l’attaque où ont péri sept Casques bleus

Au moins huit civils, dont une femme, ont été tués selon l’ONU dans l’attaque menée vendredi dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, qui a également fait sept morts parmi les Casques bleus nigériens et jeté samedi sur les routes des centaines de villageois fuyant les violences.

Une patrouille de Casque bleus à Abidjan, en décembre 2010. © AFP

Une patrouille de Casque bleus à Abidjan, en décembre 2010. © AFP

Publié le 9 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

"Selon nos informations, au moins huit civils ont été tués, dont une femme", a déclaré à l’AFP Anouk Desgroseilliers, responsable de la communication du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) en Côte d’Ivoire. Sept Casques bleus nigériens de l’Opération des Nations unies dans le pays (Onuci) ont été tués, "première attaque de ce genre" perpétrée contre l’Onuci depuis son déploiement en 2004, selon la force onusienne.

Cette "embuscade" contre l’Onuci a eu lieu lors d’un assaut d’éléments "venus du Liberia" contre plusieurs villages ivoiriens situés au sud de la ville de Taï, qui pourrait avoir fait deux morts parmi les militaires ivoiriens patrouillant avec les Casques bleus, avait déclaré vendredi soir le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. Dans cette région en proie depuis un an à des attaques attribuées à des forces fidèles à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et réfugiées au Liberia, les violences de vendredi ont provoqué d’importants déplacements de populations.

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"Des centaines de personnes sont arrivées à Taï, et on peut penser que des milliers d’autres sont sur la route", a indiqué Mme Desgroseilliers. "Trente-cinq familles ont traversé la frontière" pour rejoindre le Liberia, a-t-elle ajouté. A Taï, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), notamment, est "sur place pour porter assistance aux déplacés et leur fournir de l’eau et un peu de nourriture", selon cette responsable de l’Ocha. "C’est vraiment la panique, le sauve-qui-peut, les gens prennent de petits baluchons et fuient (leurs villages) à pied" notamment vers Taï, a raconté à l’AFP le maire de cette ville, Désiré Gnonkonté, joint par téléphone depuis Abidjan. "Pourquoi c’est chez nous qu’on vient faire des morts?"

"On a peur"

"On a peur", a confié Madeleine Tagnon, représentante des femmes de Taï. "Pourquoi à chaque fois c’est chez nous qu’on vient faire des morts? Pourquoi tranquillement les miliciens traversent chaque fois la frontière pour venir nous tuer?" Des éléments de l’Onuci et de l’armée ivoirienne patrouillaient samedi dans la zone, a-t-elle affirmé. "J’ai marché en brousse avec mon enfant au dos, je ne sais pas où se trouve le reste de la famille", a raconté Ange Joëlle, une jeune femme arrivée dans le village de Glaro Ubor, dans l’est du Liberia.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit vendredi "attristé et scandalisé" par la mort de Casques bleus. Il a indiqué que 40 autres soldats de la paix étaient restés "avec les villageois" dans la zone où a eu lieu l’attaque pour les protéger et qu’ils "étaient toujours en danger". Des renforts devaient arriver samedi. Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé sa "grave inquiétude" à propos de l’insécurité dans cette région.

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Selon l’armée ivoirienne, des opérations militaires ivoiro-libériennes doivent avoir lieu à partir du 15 juin dans la zone frontalière, avec le soutien des missions de l’ONU dans ces deux pays. Région la plus instable de Côte d’Ivoire, l’Ouest est en proie à des attaques depuis la fin de la crise politico-militaire de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 dans le pays. Avant l’attaque de vendredi, ces raids avaient fait "au moins 40" tués depuis juillet 2011, selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié mercredi, qui accuse des forces pro-Gbagbo opérant depuis le Liberia et recrutant des "enfants".

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