Tunisie : Rached Ghannouchi prône le « consensus » et la « réconciliation »

Le chef historique du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, a prôné dimanche une politique de « consensus national » durant la phase de transition démocratique en Tunisie, dénonçant des tentatives de division de la société.

Le chef historique du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi le 3 juin 2012 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

Le chef historique du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi le 3 juin 2012 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

Publié le 3 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Le chef historique du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi a prôné dimanche une politique de "consensus national" durant la phase de transition démocratique en Tunisie, dénonçant des tentatives de division de la société.

"Les objectifs de la révolution ne peuvent être atteints qu’à travers un consensus national", a-t-il déclaré dans un discours à l’occasion du 31e anniversaire de la naissance du mouvement islamiste tunisien, devenu Ennahda (Renaissance), puis légalisé en mars 2011 dans la foulée du soulèvement populaire qui a chassé Ben Ali du pouvoir le 14 janvier.

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"En cette étape difficile, nous avons besoin de consensus et de réconciliation, des exigences dictées par l’intérêt national, au-dessus des calculs partisans étroits", a martelé M. Ghannouchi au Palais de congrès de Tunis sous les applaudissements de centaines de ses partisans et invités.

En guise de consensus, Ennahda avait renoncé à adopter la charia (loi islamique) comme principale source de législation dans la future constitution.

Dialogue national

M. Ghannouchi a déploré l’absence de "conditions de dialogue national" et insisté sur l’urgence d’assainir les secteurs judiciaire et de la sécurité dans la nouvelle Tunisie.

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"1987-2011: années de braise", déclinait une immense banderole, alors qu’un documentaire sur l’histoire du mouvement islamiste projetait des images de torture dans les locaux du ministère de l’Intérieur sous le règne du président déchu Ben Ali.

Revêtu d’une Djellaba à la tunisienne, le "cheikh" a assuré que l’islam prêché par son mouvement "n’est pas contraire à la modernité", estimant cependant que tout projet de société rejetant la religion était "voué à l’échec".

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"La foi et le culte ont survécu à la guerre livrée par les régimes politiques depuis l’indépendance", a-t-il dit, en référence au règne du premier président Habib Bourguiba (1956-1987) et de son successeur Ben Ali.

En allusion à la montée spectaculaire de courants salafistes en Tunisie, le chef d’Ennahda –qui dirige le gouvernement depuis six cinq mois– a préconisé "l’application de la loi" et "le dialogue".

"Ceux qui veulent diviser la société, semer la discorde et qui traitent les gens de mécréants n’appartiennent pas à la révolution", a-t-il ajouté, rendant hommage aux "martyrs" tombés lors du soulèvement.

M. Ghannouchi a en outre fustigé, sans les identifier, "ceux qui jettent de l’huile sur le feu, les marchands de guerre qui tentent de semer le chaos", a-t-il dit.

Modernité et identité

"Ce qui manque à la Tunisie est d’être dans une modernité qui intègre son identité", a estimé de son côté Ahmed Ben Salah, figure emblématique et artisan du collectivisme dans les années 60.

Cet ancien ministre de Bourguiba invité à la tribune a appelé l’Assemblée constituante à se pencher sur le climat politique. "Laissons les élections et les portefeuilles de côté, jetons d’abord les bases d’un nouvel Etat!", a-t-il lancé.

A une exception près, les islamistes membres du gouvernement étaient absents à la commémoration de la naissance du mouvement islamiste fondé en 1981 par Rached Ghannouchi et d’autres Tunisiens inspirés par les Frères musulmans égyptiens.

Formation majoritaire au pouvoir, traversée par des courants plus ou moins modérés, Ennahda réunira son congrès en juillet, huit mois avant les prochaines élections prévues en mars 2013.

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