Rwanda : des parties civiles demandent des contre-expertises de l’attentat Habyarimana

Des familles de victimes de l’attentat contre l’avion du président rwandais Habyarimana en 1994 ont demandé aux juges une série de contre-expertises après la présentation d’un rapport balistique dont ils contestent les conclusions, a indiqué vendredi leur avocat Philippe Meilhac.

L’épave de l’appareil du président Juvénal Habyarimana, tué dans un attentat le 6 avril 1994. © Bouju/AP/Sipa

L’épave de l’appareil du président Juvénal Habyarimana, tué dans un attentat le 6 avril 1994. © Bouju/AP/Sipa

Publié le 2 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Des familles de victimes de l’attentat contre l’avion du président rwandais Habyarimana en 1994 ont demandé aux juges une série de contre-expertises après la présentation d’un rapport balistique dont ils contestent les conclusions, a indiqué vendredi leur avocat Philippe Meilhac.

Ce rapport, présenté en janvier, n’identifiait pas dans ses conclusions les auteurs de cette attaque considérée comme le déclencheur du génocide rwandais. Il citait cependant le camp de Kanombe, tenu en 1994 par la garde présidentielle rwandaise, comme la "zone de tir la plus probable" des missiles qui avaient abattu l’appareil du président Habyarimana.

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Les avocats des proches de l’actuel président rwandais Paul Kagamé qui ont été mis en examen dans cette affaire avaient estimé que ce rapport mettait leurs clients hors de cause. Une opinion que ne partage pas Me Meilhac, qui défend notamment Agathe Habyarimana, la veuve de l’ancien président rwandais.
Il conteste notamment le travail d’un acousticien qui, selon lui, a été déterminant pour orienter les conclusions des cinq balisticiens qui ont rédigé le rapport présenté aux parties par les juges Yves Trévidic et Nathalie Poux.

Une méthode "contestable"

"La méthode de travail de l’acousticien, qui ne s’est pas rendu au Rwanda, est contestable, et son rapport est fondé sur certaines données géométriques erronées", a déclaré Me Meilhac à l’AFP. "Nous avons notamment demandé aux juges une contre-expertise acoustique, une expertise sur la trajectoire possible des missiles ou encore une analyse et une hiérarchisation des témoignages recueillis", a-t-il ajouté. Les parties civiles avaient jusqu’à jeudi pour contester l’expertise.

L’avocat a cependant noté que le rapport contenait des choses "convaincantes", en citant notamment les conclusions relatives aux projectiles utilisés. Le rapport citait le missile SA16 comme "le système d’arme le plus susceptible d’avoir été mis en oeuvre". Me Meilhac a par ailleurs appelé à "prendre avec une extrême précaution" le document cité vendredi par Libération qui le présente comme émanant de l’ONU.

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Ce document datant de 1994, qui a été versé au dossier, rapporte que les Forces armées rwandaises (FAR) possédaient 15 missiles Mistral de fabrication française, pourtant interdits à la vente.

Me Meilhac a noté que dans un rapport de décembre 1994, Human Righs Watch Africa avait déjà fait état de 15 Mistral aux mains des ex-FAR. Cette enquête avait été citée dans le rapport parlementaire de Paul Quilès du 15 décembre 1998, qui estimait toutefois "la capacité sol-air des FAR (…) sujette à caution". "Rien n’empêcherait néanmoins de demander aux experts de compléter leurs travaux au regard de la nouvelle pièce versée aux débats, à supposer qu’elle soit authentifiée", a déclaré Me Meilhac.

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