Maroc : de blocages en échecs, le conflit du Sahara occidental semble s’enliser

De blocages en échecs, le conflit du Sahara occidental, parmi un des plus anciens au monde, semble s’enliser dans les sables du désert après la décision du Maroc de retirer sa confiance à l’émissaire spécial de l’ONU.

La frontière entre l’Algérie et le Maroc est fermée depuis 1994. © AFP

La frontière entre l’Algérie et le Maroc est fermée depuis 1994. © AFP

Publié le 26 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Créant la surprise, le gouvernement marocain a qualifié la semaine dernière de "partiales" et "déséquilibrées" les positions du diplomate américain Christopher Ross, en charge de ce lourd contentieux, auquel l’ONU a aussitôt réitéré "toute confiance".

Rabat accuse le diplomate américain de s’aligner sur les positions du Front Polisario – soutenu par Alger- qui souhaite un référendum sur l’avenir du Sahara occidental.

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Depuis, les autorités marocaines ont officiellement opté pour l’apaisement. "Le Maroc restera engagé avec sérieux (..) dans les efforts de l’ONU pour dépasser l’impasse", a déclaré récemment le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani.

Mais selon plusieurs experts marocains, la décision prise par Rabat de retirer sa confiance à M. Ross a déjà des répercussions négatives.

"Cette décision va enliser davantage le conflit dans l’immobilisme et aura un impact direct sur le processus de négociation (avec le Polisario), déjà plombé par les échecs répétés", a déclaré à l’AFP Abdelfettah El Belamachi, directeur du Centre de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations, à Rabat.

Plusieurs émissaires de l’ONU ont déjà échoué au fil des années en tentant de mettre d’accord les parties prenantes pour un règlement politique du conflit.

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"Le gouvernement marocain aurait pu protester officiellement au lieu de prendre cette décision, car c’est le secrétaire général de l’ONU qui décide du retrait ou du maintien de confiance à M. Ross", a ajouté l’expert.

"Situation de blocage"

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Le dernier round des pourparlers informels entre le Maroc et le Polisario, qui a eu lieu en mars dernier dans la banlieue de New York, s’est soldé par un énième échec.

"Plus de neufs rounds de pourparlers entre le Maroc et le Polisario n’ont conduit à aucun résultat. Il y a une situation de blocage", constate M. El Belamachi.

Le Maroc reproche l’absence de "contacts directs"

Rabat reproche notamment à l’émissaire le fait que ces pourparlers indirects devaient être suivis de "contacts directs", ce qui n’a pas eu lieu.

La réaction marocaine est intervenue après l’adoption, le 24 avril, d’une résolution du Conseil de sécurité qui épinglait le comportement des autorités marocaines envers les Casques bleus de l’ONU dans la région ainsi que les Sahraouis.

L’ONU avait également demandé au Maroc "d’améliorer la situation des droits de l’Homme" au Sahara Occidental.

Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole, annexée en 1975 par le Maroc. Rabat propose une large autonomie au Sahara occidental sous sa souveraineté. Le Polisario rejette ce plan et affirme "le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination" via un référendum.

"C’est l’enlisement du conflit, mais je crois que M. Ross voulait jouer la carte du référendum et le Maroc rejette cette option", soutient Mustapha Naïmi, de l’Institut universitaire de la recherche scientifique à Rabat.

"Par cette décision, le Maroc adresse un message de défiance à tous ceux qui privilégient l’option référendaire. Il veut montrer qu’il est catégorique à ce niveau. Mais en même temps, aucune solution ne se profile à l’horizon", explique M. Naïmi, joint par l’AFP.

Réagissant à la décision de Rabat, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a désigné en 2009 M. Ross comme émissaire spécial, a dit avoir "toute confiance" dans son négociateur. De même qu’Alger.

La France, allié traditionnel du Maroc, a réitéré "son appui au plan d’autonomie marocain, qui est la seule proposition réaliste aujourd’hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’une solution".

Washington, qui s’était déclaré en février favorable à une solution "mutuellement acceptable", n’a pas officiellement réagi.

Et le Polisario a appelé samedi à Alger le nouveau président socialiste français François Hollande à soutenir "le droit à l’existence du Sahara occidental".

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