En RDC, Théodore Ngoy et le recours pour l’honneur

Le candidat à l’élection présidentielle congolaise conteste les résultats provisoires du scrutin, qui donnent Félix Tshisekedi largement vainqueur. Il est le seul à avoir saisi la Cour constitutionnelle.

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Publié le 4 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

Félix Tshisekedi obtenait, en guise de cadeau de Saint-Sylvestre, une raison supplémentaire de sabrer le champagne : la perspective d’une victoire à la présidentielle congolaise du 20 décembre 2023, avec 73,34 % des voix.

Ce résultat annoncé étant provisoire et la majorité des candidats de l’opposition dénonçant un « simulacre d’élections », tout laissait envisager une contestation sous forme de recours. Pourtant, seul un présidentiable a fait appel des résultats de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

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Il s’agit de Théodore Ngoy, qui a déposé in extremis une requête auprès de la Cour constitutionnelle en vue de l’annulation d’une élection qu’il qualifie d’« irrégulière ». Il faudrait toutefois des correctifs plus qu’exponentiels pour que l’avocat, professeur et pasteur puisse espérer dépasser le chef de l’État sortant.

Ngoy est en effet arrivé dernier avec 0,02 % des suffrages, soit 4 139 voix. Le candidat dépité mise-t-il sur une posture qui lui confère une mise en lumière médiatique à capitaliser au cours de la suite de sa carrière politique ?

Une réponse de la Haute Cour sous sept jours

Le candidat déchu évoque plutôt un devoir de reddition de tout compte de la part de la Ceni, après un processus qui n’a tenu son calendrier qu’au prix d’irrégularités dénoncées également par des observateurs indépendants. Théodore Ngoy considère que « le mal causé à la démocratie, aux droits de l’homme et à l’État de droit ne devrait pas être confirmé par la Cour sans que la Ceni n’ait à se justifier ». Conformément à l’article 74 de la loi électorale, la Haute Cour dispose d’un délai de sept jours pour statuer sur cette requête.

Comment comprendre cette chevauchée contestataire solitaire, alors que d’autres candidats mieux nantis du point de vue des suffrages rejettent tout autant les résultats provisoires du scrutin ? En janvier 2019, Martin Fayulu avait bien exigé, auprès de la Cour constitutionnelle, un recomptage manuel des voix, lui que le journal britannique The Financial Times avait un temps crédité de 59,4 % des voix. Cette fois, selon les résultats officiels provisoires, l’opposant serait arrivé en troisième position, avec 5,33 %, derrière Moïse Katumbi et ses 18,08 %.

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Isoler Félix Tshisekedi

Sans doute convaincus qu’aucun recours administratif auprès d’une cour jugée acquise au régime ne saurait inverser la tendance actuelle des résultats, la petite vingtaine des candidats qui n’ont pas saisi l’institution constitutionnelle suprême déploiera certainement d’autres voies de contestation, relayant des critiques des missions d’observation électorale et de la communauté internationale ou activant des appels à une mobilisation populaire.

Mais les figures les plus médiatiques que sont Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Denis Mukwege n’ont pas toujours parlé d’une même voix. Il faudra également articuler les contestations contre la présidentielle avec le décryptage des résultats encore attendus des élections législatives et provinciales. Les opposants pourront-ils isoler le chef de l’État en le condamnant à une cohabitation ?

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