Algérie : l’installation de la nouvelle Assemblée perturbée par les islamistes

L’installation de la nouvelle assemblée nationale élue le 10 mai en Algérie a été perturbée par des députés islamistes de l’Alliance de l’Algérie Verte (AVV) qui ont quitté l’hémicycle pour dénoncer une fraude en faveur des partis au pouvoir.

Des membres de l’Alliance de l’Algérie Verte brandissent des pancartes © AFP

Des membres de l’Alliance de l’Algérie Verte brandissent des pancartes © AFP

Publié le 26 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Les 49 députés de AVV ont brandi, à la fin de l’appel des 462 membres de la chambre basse du Parlement, des pancartes rouges sur lesquelles était écrit "Non à la fraude" avant de partir.

Ils ont été suivis par les 28 députés membres du "Front politique pour la sauvegarde de la démocratie", dont quatre islamistes, lancé au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin du 10 mai pour dénoncer la fraude. Huit partis membres du front n’ont pas remporté de siège à l’Assemblée nationale.

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L’AVV, regroupant le Mouvement pour la société et la paix (MSP), Ennahda (Renaissance) et Mouvement El Islah (Réforme), avaient annoncé leur victoire avant même le scrutin et avaient même préparé leur gouvernement.

Pour eux, le résultat du scrutin marque un "retour à l’ère du parti unique" du Front de libération nationale (FLN, Présidentiel), avec 208 sièges sur 462.

"Nous avons décidé de nous retirer de la première séance de l’Assemblée nationale et de protester officiellement contre les résultats du scrutin", ont-ils précisé dans un communiqué distribué à la presse.

Les islamistes algériens espéraient profiter de la poussée du courant dans les pays du Printemps arabe. Ils n’ont décroché qu’un total de 61 sièges.

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Le "Front politique pour la sauvegarde de la démocratie", qui les a imités, se garde de vouloir "mettre en place un parlement parallèle. Ce front est un cadre de réflexion pour 16 chefs de parti. Le boycottage de l’Assemblée reste une position de principe", a déclaré à l’AFP l’un d’entre eux, élu Front pour la justice et le développement (FJD, islamiste) Lakhdar Benkhelaf.

"Ce qui s’est passé le 10 mai est une violation caractérisée des garanties de transparence des élections promises par le président Abdelaziz Bouteflika", a-t-il ajouté.

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Un gouvernement attendu début juin

Le Conseil constitutionnel a examiné 167 recours présentés par l’ensemble des partis mais n’en a retenu que 13, en donnant un total de deux supplémentaires à l’AVV.

Le Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d’opposition du vétéran kabyle Hocine Aït Ahmed, est le grand bénéficiaire du verdict puisqu’il gagne six sièges, passant à 27, après son retour dans l’arêne électorale suite au boycottage des deux précédents scrutins législatifs.

Le Parti des travailleurs (PT, extrême gauche) passe également à 24 députés, contre 17, ce qui lui permettra de constituer un groupe parlementaire, le minimum de députés requis étant de 20.

Six ministres du gouvernement, élus à l’assemblée, ont été démis de leurs fonctions par M. Bouteflika, ces mandats étant incompatibles dans le cadre des réformes lancées par la présidence après les vagues d’émeutes et de protestations de l’an dernier en Algérie.

Six ministres concentrent maintenant l’ensemble des portefeuilles en attendant la constitution d’un nouveau gouvernement, qui serait annoncé durant la première quinzaine de juin, selon des sources parlementaires.

Les députés restants ont péniblement poursuivi la plénière en plein brouhaha notamment aux cris "vive le FLN".

Samedi après-midi, ils devaient élire le nouveau président de l’Assemblée nationale, troisième personnage de l’Etat, après le chef de l’Etat et le président du Conseil de la Nation (Sénat, chambre Haute du Parlement). Le député du FLN Larbi Ould Khelifa est donné favori.

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