Mali : situation « très inquiétante » pour le patrimoine culturel, selon l’Unesco

L’Unesco a envoyé à Bamako une mission de protection du patrimoine, menacé par la rébellion dans le nord du pays, et espère faire de même en Syrie, a indiqué vendredi un haut responsable de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

Une mosquée à Tombouctou, en 2010. © AFP

Une mosquée à Tombouctou, en 2010. © AFP

Publié le 19 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

La situation est "très, très inquiétante" au Mali, notamment à Tombouctou (nord) où la profanation d’un des 16 mausolées de la ville début mai a "ouvert une nouvelle phase particulièrement préoccupante", a expliqué à la presse Francesco Bandarin, sous-directeur général chargé de la culture. Une équipe de l’Unesco a entamé vendredi des discussions avec le gouvernement malien au sujet de la préservation des sites de Tombouctou et Gao.

L’Unesco n’a cependant pas de contact direct avec les rebelles qui contrôlent Tombouctou et ne peut pas s’y rendre. La situation sur place "a empiré à partir de la mi-avril", a expliqué M. Bandarin, qui déplore des pillages et des destructions de manuscrits "difficiles à quantifier pour l’instant". L’Unesco a averti les pays voisins, tous signataires, avec le Mali, d’une convention de 1954 sur la protection du patrimoine. L’agence de l’ONU, qui coopère avec Interpol et les grandes maisons de commerce d’art, n’a pas constaté pour l’instant d’accroissement sensible du trafic en provenance de Syrie ou du Mali. Mais "cela prend généralement quelques mois", a noté M. Bandarin, précisant que le trafic des objets culturels était "une des principales industries criminelles", évaluée à six milliards de dollars par an.

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Le printemps arabe, défi pour l’Unesco

Tombouctou, grand centre intellectuel de l’islam, surnommée "la perle du désert", récèle trois grandes mosquées, mais surtout des dizaines de milliers de manuscrits, dont certains datent de l’ère pré-islamique. Le Nord malien est depuis plusieurs semaines sous la coupe des rebelles touareg, des islamistes armés d’Ansar Dine et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ainsi que de divers groupes criminels.

En Syrie, peu de dégâts ont été constatés mais l’inquiétude est venue surtout de l’occupation par l’armée de sites classés par l’Unesco tels le Krak des Chevaliers, Qalaat Salah El-Din (deux châteaux croisés) et la ville romaine de Palmyre. L’Unesco envisage d’envoyer des experts en Syrie "dans le cadre du plan Annan dans les semaines à venir", si la situation le permet. Mais M. Bandarin a reconnu que cet aspect de la crise syrienne n’était pas prioritaire.

Plus généralement, le Printemps arabe a constitué un défi pour l’Unesco, avec "une crise par mois" dont beaucoup ne sont pas closes. Il a cité le Yémen, la Libye ou encore l’Egypte, où la construction illégale de logements au Caire "a augmenté de manière dramatique depuis un an", menaçant des sites classés. Pour le patrimoine, "l’après-conflit est souvent la pire période" car le pouvoir central est affaibli, a expliqué M. Bandarin.

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