Algérie : la campagne pour les législatives prend fin dans l’indifférence

Les partis politiques en Algérie tiennent dimanche, jour ouvré dans ce pays, les derniers rassemblements de campagne pour les législatives du 10 mai, sans avoir pu mobiliser l’électorat faute d’innovation dans une région balayée par le Printemps arabe.

Des supporters du leader du FC, Abdelmadjid Menasra, lors d’un meeting à Alger, le 5 mai 2012. © AFP

Des supporters du leader du FC, Abdelmadjid Menasra, lors d’un meeting à Alger, le 5 mai 2012. © AFP

Publié le 6 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Le président Abdelaziz Bouteflika a initié des réformes pour contenir une contagion de la révolution, tandis que le courant islamiste algérien espère profiter des gains de cette mouvance dans les pays arabes.

A la fin de trois semaines de campagne électorale qui s’achèvent dimanche à minuit, les 21 millions d’électeurs semblaient peu enthousiastes face aux 44 partis et listes d’indépendants en présence.

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Dans les rues d’Alger, peu de signaux des préparatifs pour jeudi, à l’exception des tableaux aux quelques affiches déchirées, devenues illisibles. Pourtant, M. Bouteflika avait souligné le 1er mai que l’Algérie, qui fête cette année 50 ans d’indépendance, était à "l’aube d’une nouvelle ère".

Le plus important quotidien algérien, l’arabophone Echorouk, affichait en Une un coin de rue désert, parsemé de tracts et de panneaux d’affichages recouverts d’affiches lacérées: "Tout était là… sauf les citoyens".

Le francophone El-Watan s’est plutôt interrogé en Une, avec une grande photo des deux candidats français à la présidentielle française de dimanche, sur le vainqueur, reléguant à la page 5 le scrutin national.

Dans Liberté, le caricaturiste Dilem met en scène deux hommes. L’un demande à l’autre en passant devant des affiches électorales pour le vote de jeudi: "Alors, tu soutiens qui, Sarko ou Hollande ?"

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Deux inconnus : la participation et le score islamiste

La participation aux législatives de 2007 en Algérie n’avait drainé que 37% des électeurs et rien ne semble montrer un plus grand intérêt cette fois-ci.

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Le secrétaire général du parti présidentiel Front de Libération national (FLN), Abdelaziz Belkhadem, déclarait à l’AFP qu’il se satisferait de 45% de participation, un chiffre rabaissé à moins de 20% par nombre de politologues.

Les autorités veulent un scrutin transparent, pour éviter de nouvelles accusations de fraudes électorales. Elles ont donc invité quelque 500 observateurs étrangers, dont près de 150 de l’Union européenne, qui seront déployés sur les 2,3 millions de km2 du territoire.

Mais de source diplomatique européenne, on indiquait dimanche matin qu’en dépit de demandes répétées, les autorités n’avaient toujours pas remis le fichier électoral, nécessaire pour observer le scrutin.

L’ancien parti unique FLN, majoritaire dans le gouvernement sortant, est sous la pressions de "frondeurs", selon l’expression utilisée par M. Belkhadem. Ils veulent notamment un départ de ce dernier, en poste depuis 2005, et un rajeunissement des cadres.

Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia, écartait la semaine dernière la large victoire d’une formation. Les 462 sièges de la prochaine Assemblée nationale "seront éparpillés entre les partis", a-t-il prédit.

Le FLN (136 sièges dans le parlement sortant) partage le gouvernement avec le Rassemblement national pour la démocratie (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia et le Mouvement pour la société et la paix (MSP, islamiste).

Samedi, M. Ouyahia a fait campagne quelque 3.000 personnes rassemblées à Alger pour un maintien de la stabilité face aux révoltes arabes. Le Printemps arabe est un "déluge" qui a "colonisé" l’Irak, "détruit" la Libye, "divisé" le Soudan et aujourd’hui "affaiblit" l’Egypte, a-t-il affirmé.

Scénario unique

Le MSP a quitté en janvier l’Alliance présidentielle tout en gardant ses quatre ministres au gouvernement. Entretemps il s’est allié à deux autres partis islamiste pour créer une "Algérie verte", face à quatre autres formations de même mouvance.

"Notre alliance sera la principale force politique dans la prochaine assemblée nationale populaire", a affirmé son porte-parole Kamel Mida.

Par rapport aux pays arabes, le scénario sera différent en Algérie puisque les islamistes sont déjà au pouvoir depuis 2007.

Les Algériens rappellent aussi qu’ils ont déjà eu leur Printemps arabe avec l’ouverture du pays au multipartisme en 1989. Aux élections municipales, suivies des législatives en 1991, il y avait eu un raz de marée islamiste.

Les militaires algériens avaient alors interrompu en janvier 1992 le processus législatif plongeant le pays dans une guerre civile qui a fait 200.000 morts.

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