Algérie : le parti historique FLN confiant pour les législatives
L’ancien parti unique algérien Front de Libération nationale (FLN) se dit confiant de remporter les élections législatives du 10 mai, mais il est tiraillé par des tensions internes et déjà tourné vers l’avenir avec la perspective de la présidentielle de 2014.
Principale formation en lutte contre la France coloniale, le FLN s’est longtemps confondu avec le pouvoir en Algérie. Toutefois son poids dans l’Assemblée nationale durant les récents scrutins n’a cessé de baisser.
Aux dernières législatives de 2007, il n’a remporté que 23% des votes et 136 sièges, l’amenant à une coalition avec deux autres partis, dont le principal parti islamiste Mouvement de la Société pour la paix (MSP).
Plusieurs responsables du FLN se sont récemment opposés à leur secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, en place depuis 2005, et certaines circonscriptions verront s’opposer deux candidats du FLN.
"Ils entrent divisés dans cette élection, au moins entre deux grandes factions", estime Nacer Djabi, un politologue algérien. "Le FLN ne va pas disparaître mais il va y laisser des plumes", ajoute-t-il.
Lors des révolutions l’an dernier en Tunisie et en Egypte, la vague a menacé un temps l’Algérie. Le président Abdelaziz Bouteflika a alors mis sur pied avec son parti FLN des réformes, dont l’agrément de nouvelles formations politiques.
"La compétition est féroce…et il est vrai qu’il y a un risque d’atomisattion de la scène politique", a reconnu M. Belkhadem dans un entretien à l’AFP.
Le FLN a perdu sa prééminence sur la scène algérienne lors de l’introduction du multipartisme en 1989. Jeudi prochain, les électeurs devront choisir entre 44 partis politiques.
Nombre d’entre ces derniers ont été agréés à la dernière minute avant le lancement officiel de la campagne électorale le 15 avril. Certains voient les transfuges du FLN s’y inscrire pour pouvoir mieux rentrer dans ses rangs une fois le scrutin fini, juge un politologue américain.
Une faible participation nuirait au FLN
"Le FLN tente clairement de montrer que l’Algérie est sur une nouvelle voie…mais je pense qu’il prend un gros risque parce que la participation pourrait finalement être très faible", estime John Entelis, rédacteur en chef du Journal of North African Studies.
Seuls 35% des électeurs avaient voté en 2007 et un nouveau record d’abstention est annoncé. M. Belkhadem se satisferait, a-t-il dit à l’AFP, de 45% de participation, un peu comme dans les "vieilles démocraties" occidentales.
Des émeutes sanglantes ont éclaté en Algérie en janvier 2011 (5 morts, 800 blessés). Il y a eu plus d’immolations par le feu dans ce pays qu’en Tunisie, avec un mécontentement persistant sans toutefois mener à un Printemps arabe.
"Le régime a très intelligemment autorisé le couvercle de la marmite à se soulever", selon M. Entelis, expert de l’Algérie et professeur de sciences politiques à l’Université de Fordham aux Etats-Unis.
"Le gouvernement n’a besoin de personne", dit-il, en se référant aux plus de 180 milliards de dollars de réserves de changes issus du gaz et du pétrole.
"Quand il a besoin d’ouvrir le robinet (d’argent) il peut le faire et il le fait", ajoute-t-il.
Les fonctionnaires de justice, enseignants et de nombreux syndicats avaient envahi les rues l’an dernier en vue d’augmentations salariales, largement accordées, soit une dépense totale officielle de 3,2 milliards d’euros.
A l’approche des 50 ans d’indépendance de l’Algérie le 5 juillet, le FLN entend peaufiner sa légitimité.
"Grands projets"
"Le président Bouteflika a une série de grands projets qui constituent le bouquet final de ce qu’il considère son oeuvre", a expliqué à l’AFP Aïssi Kassa, membre du bureau politique du FLN, dans la ville côtière de Tipaza (ouest d’Alger) lors d’un rassemblement de son parti.
Le métro tant attendu d’Alger a été inauguré le 1er novembre, 30 ans après le lancement du projet, une très grande mosquée dans la capitale est en construction et une autoroute est-ouest d’environ 1000 km est prête de s’achever.
Déjà ministre du premier gouvernement issu de l’indépendance, M. Bouteflika, 75 ans, achèvera son troisième mandat en 2014.
"Les résultats des législatives vont donner les grandes lignes des rapports de force avant 2014", estime M. Djabi. "Chacun compte ses troupes".
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