Blinken en Israël, sur fond de regain de tension avec le Hezbollah
La crainte d’un embrasement régional du conflit, notamment au Liban, inquiète le secrétaire d’État américain, qui arrivera dans la soirée à Tel Aviv. Il a aussi mis en garde Israël face à la situation extrêmement grave des civils dans la bande de Gaza.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce 8 janvier au soir en Israël pour des pourparlers ardus sur la guerre à Gaza. Le secrétaire d’État américain a déploré le 7 janvier la « tragédie » des milliers de civils tués dans cette guerre et averti que le conflit pourrait « aisément se métastaser » alors que les tensions montent d’un cran entre Israël et le Liban. Il doit passer par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite avant d’atterrir à Tel-Aviv où il s’entretiendra avec les dirigeants israéliens dès le 9 janvier.
À la frontière entre Israël et le Liban, les tirs sont quasi-quotidiens et la situation semble se détériorer. Le Hezbollah a dit le 6 janvier avoir tiré 62 roquettes sur une base militaire israélienne, quelques jours après avoir imputé à Israël la responsabilité de la mort d’un important dirigeant du Hamas, Saleh al-Arouri, à Beyrouth.
Mise en garde concernant les civils palestiniens
Le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, met en garde le mouvement chiite, allié du Hamas, contre un risque « d’entraîner le Liban dans une guerre inutile ». L’armée israélienne précise de son côté avoir frappé des « sites militaires » du Hezbollah. Selon des médias locaux, des pirates informatiques ont utilisé des écrans de l’aéroport de Beyrouth pour afficher des messages anti-Hezbollah: « Hassan Nasrallah, personne ne te soutiendra si tu entraînes le pays dans la guerre. »
Il s’agit de la quatrième tournée régionale d’Antony Blinken depuis le début de la guerre. Alors que Washington soutient militairement et politiquement Israël, la diplomatie américaine semble multiplier les mises en garde concernant les civils palestiniens.
Après que plusieurs figures emblématiques israéliennes, dont des ministres, ont proposé d’encourager les Gazaouis à quitter le territoire assiéger pour s’établir dans des pays tiers, Antony Blinken a déclaré lors d’une conférence de presse au Qatar que les Palestiniens déplacés par la guerre devaient être autorisés à « rentrer chez eux ».
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1 140 personnes, surtout des civils, selon un décompte à partir du bilan israélien. L’offensive israélienne a fait 22 835 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza. Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85 % de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l’ONU.
Des combats près des hôpitaux
Les organisations humanitaires internationales ont signalé avoir dû évacuer l’un des derniers hôpitaux de la bande de Gaza encore partiellement opérationnel, en raison des combats. L’Organisation mondiale de la Santé affirme qu’à Deir al-Balah (centre), plus de 600 patients de l’hôpital al-Aqsa ont dû quitter les lieux étant donné « l’intensification des hostilités ». La veille, le personnel de Médecins sans frontières (MSF) avait quitté ce même hôpital après un tir dans l’unité de soins intensifs.
L’armée israélienne, qui affirme avoir démantelé le commandement militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, a déclaré avoir tué d’autres « terroristes » dans le centre du territoire, notamment à l’aide de drones dans le camp de réfugiés de Bureij. Un communiqué de l’armée annonce la découverte d’un « site de production d’armes » souterrain exploité par le Hamas.
Deux journalistes d’Al Jazeera tués
Deux journalistes travaillant pour la chaîne qatarie Al Jazeera ont été tués le 7 janvier à Rafah, ville gazaouie proche de la frontière égyptienne, après une frappe sur leur véhicule, selon leur employeur. Moustafa Thuraya – un vidéaste collaborant également avec l’AFP – et Hamza Waël Dahdouh revenaient de reportage après s’être rendus sur le lieu d’une habitation touchée par les frappes aériennes. Le second est le fils du chef du bureau d’Al Jazeera dans le territoire palestinien, Waël Dahdouh, qui avait déjà perdu son épouse et deux de ses enfants à la fin d’octobre dans une frappe israélienne.
L’armée israélienne a déclaré avoir « frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes », ajoutant être « au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés ».
Avec ces décès, au moins 79 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
En Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967, la violence a atteint un niveau inédit depuis près de vingt ans. Huit Palestiniens ont été tués à Jénine (nord) le 7 janvier, après des frappes israéliennes selon le ministère de la Santé palestinien à Ramallah.
Une policière israélienne a été tuée lorsqu’une bombe a détoné près de sa voiture pendant une opération militaire dans Jénine. Un civil israélien a également été tué lors d’une fusillade près de Ramallah. Dans la soirée, la police israélienne a confirmé qu’une enfant avait été tuée par des tirs d’agents répondant à une attaque à la voiture-bélier à proximité de Jérusalem.
(avec AFP)
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