Soudan : quatre étrangers, dont un employé de l’ONU, arrêtés à Heglig

Quatre étrangers, dont un employé de l’ONU, ont été arrêtés par l’armée du Soudan dans la zone pétrolière d’Heglig qu’elle a récemment reprise au Soudan du Sud après d’intenses combats.

Un des quatre étrangers capturés par l’armée soudanaise, le 28 avril 2012, à Khartoum. © AFP

Un des quatre étrangers capturés par l’armée soudanaise, le 28 avril 2012, à Khartoum. © AFP

Publié le 29 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Sur le front diplomatique, les autorités de Juba ont fait un geste d’apaisement en se disant prêtes samedi à retirer leurs forces de la zone d’Abyei, une autre zone frontalière qui alimente le conflit inter-soudanais pour lequel Khartoum refuse toute intervention de l’ONU.

Les quatre personnes capturées samedi à Heglig menaient des "investigations" sur place, a affirmé un porte-parole de l’armée soudanaise, laissant entendre qu’il s’agissait "d’experts étrangers" venus soutenir Juba dans son "agression" contre son voisin du nord.

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Selon Sawarmi Khaled Saad, ces quatre personnes –un Britannique, un Norvégien, un Sud-Africain et un Sud-Soudanais– disposaient d’équipements militaires et ont été conduites à Khartoum pour être interrogées.

Les Nations unies ont indiqué qu’un de ses employés figurait parmi les personnes arrêtées. "L’un d’eux était de l’ONU", a simplement commenté Joséphine Guerrero, porte-parole de la mission des Nations unies au Soudan du Sud.

Les affirmations de Khartoum ont par ailleurs été démenties par le directeur régional de l’organisation norvégienne Norwegian People’s Aid (NAID) qui travaillait avec l’une des quatre personnes arrêtées.

Retrait "immédiat"

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"C’est impossible qu’ils aient été à Heglig", a indiqué Jan Ledang, affirmant qu’ils devaient se trouver en réalité, à Pariang, en territoire sud-soudanais, où ils menaient une mission de suivi après un déminage de la zone.

Auparavant samedi, le gouvernement sud-soudanais a annoncé qu’il "permettrait" le retrait de ses forces de police de la zone contestée d’Abyei que Khartoum contrôle toujours, malgré la présence d’environ 4.000 casques bleus éthiopiens.

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Le porte-parole du gouvernement, Barnaba Marial Benjamin, a assuré à l’AFP que ce retrait serait "immédiat", fixant comme seule condition "que les Nations unies et l’Union africaine assurent la sécurité des ressortissants (sud-soudanais) dans cette région".

Depuis le début des violences à Abyei, environ 110.000 personnes, selon l’ONU, ont fui vers le Soudan du Sud.
Les différends entre les deux Soudans, sur le tracé de la frontière et le partage des revenus pétroliers notamment, ont dégénéré depuis fin mars en des combats d’une ampleur sans précédent depuis la proclamation d’indépendance du Soudan du Sud en juillet dernier.

Le 20 avril, Khartoum avait annoncé avoir repris le contrôle d’Heglig après de violents affrontements avec Juba qui s’était emparé de ce territoire dix jours auparavant.

La communauté internationale a multiplié les appels pour que les deux pays, déjà parmi les plus pauvres du monde, ne se déchirent pas à nouveau comme lors de la guerre civile (1983-2005) qui a abouti à la partition entre le Nord arabe et musulman et le Sud, essentiellement chrétien.

"Entraver le rôle de l’Union africaine"

Accroissant encore ces pressions, les Etats-Unis ont soumis jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution qui pourrait aboutir à des sanctions contre les deux Soudans en cas de poursuite de l’escalade.

Mais le Soudan a prévenu samedi "qu’il rejetait tout effort pour entraver le rôle de l’Union africaine et porter la crise entre le Soudan et le Soudan du Sud au Conseil de sécurité de l’ONU", a annoncé le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti.

"L’intervention de l’ONU va aboutir à privilégier des considérations politiques au détriment d’un règlement pacifique juste", a-t-il estimé.

Mardi soir, l’Union africaine, qui mène une mission de médiation à ce jour infructueuse, avait cependant elle-même appelé le Conseil de sécurité à soutenir ses efforts dans le cadre de son chapitre 7, qui permet le recours à des mesures coercitives.

Si les combats directs paraissent avoir marqué une pause ces derniers jours, les deux pays s’accusent toujours mutuellement de soutenir des rébellions sur le territoire de l’autre.

De retour d’une visite en Chine, le principal acheteur du pétrole soudanais, le président sud-soudanais Salva Kiir a fait savoir samedi que Pékin "allait contribuer à résoudre les différends" entre les deux pays.

Il a aussi annoncé avoir obtenu de la Chine un prêt de 8 milliards de dollars (6 mds EUR) sur deux ans pour financer des constructions de routes, des projets l’énergie hydroélectrique, l’agriculture et les télécommunications, a rapporté le porte-parole gouvernemental.

"Les détails seront définis par les ministres des deux pays et par les société chinoises qui se chargeront de ce travail", a précisé Barnaba Marial Benjamin.

Les infrastructures sont quasi-inexistantes au Soudan du Sud, avec seulement quelques dizaines de kilomètres de routes bitumées, en raison de décennies de sous-développement et d’absence d’investissement dans cette région, tant à l’époque de la colonisation britannique qu’après l’indépendance du Soudan en 1956.
 

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