Blinken prépare l’après-guerre au Moyen-Orient

Normalisation avec l’Arabie saoudite et désescalade à Gaza : le secrétaire d’État américain multiplie les entretiens avec les responsables régionaux.

Antony Blinken salue la foule quitte al-Ula, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, pour Tel-Aviv, le 8 janvier 2024. © VELYN HOCKSTEIN / POOL / AFP

Antony Blinken salue la foule quitte al-Ula, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, pour Tel-Aviv, le 8 janvier 2024. © VELYN HOCKSTEIN / POOL / AFP

Publié le 9 janvier 2024 Lecture : 4 minutes.

Dans le cadre d’une tournée régionale visant à apaiser les tensions au Moyen-Orient, Antony Blinken, a déclaré qu’il y avait un « intérêt clair » à poursuivre l’objectif d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite.

Avant de partir pour Israël le 8 janvier au soir, le chef de la diplomatie américaine a depuis l’Arabie saoudite assuré que tous les dirigeants rencontrés dans les six premiers pays de son marathon diplomatique avaient accepté de travailler avec les États-Unis pour contribuer à la reconstruction et à la stabilisation au long terme de la bande de Gaza. Il s’est exprimé après s’être entretenu avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, près d’Al-Ula, ville historique du nord-ouest du royaume. « Nous en avons parlé (de la normalisation avec Israël) » y compris « bien sûr ici en Arabie saoudite ». « Et je peux vous dire qu’il y a un intérêt clair à poursuivre dans cette voie », a-t-il indiqué avant de s’envoler pour Tel-Aviv.

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En Israël dès ce 9 janvier, le secrétaire d’État américain doit faire pression pour une désescalade de la guerre à Gaza, au lendemain de frappes en Syrie et au Liban qui ont tué deux hauts responsables du Hamas et du Hezbollah.

Le secrétaire d’État devait rencontrer le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, ainsi que le président Isaac Herzog, le cabinet de guerre du pays et les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Il doit avoir des entretiens plus tard dans la journée avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et figure de l’opposition.

« Large consensus »

Il s’agit de la quatrième tournée dans la région du chef de la diplomatie américaine qui a déclaré qu’il existait un « large consensus » parmi les dirigeants, notamment sur le fait que « les Israéliens doivent pouvoir vivre en paix et en sécurité », que la Cisjordanie occupée et la bande de Gaza doivent être unies sous une gouvernance palestinienne, et qu’un État palestinien indépendant doit être établi.

« Nous avons convenu de travailler ensemble et de coordonner nos efforts pour aider à stabiliser et reconstruire Gaza, tracer une voie politique pour les Palestiniens et œuvrer en faveur d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité à long terme », a-t-il ajouté. « Les dirigeants sont prêts à prendre les engagements nécessaires et les décisions difficiles pour faire avancer tous ces objectifs et cette vision pour la région », a encore dit Blinken.

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L’objectif de la tournée de Blinken est triple : éviter une escalade et notamment que les tensions entre Israël et le Hezbollah libanais, allié de l’Iran, ne débordent hors de contrôle, presser Israël d’entrer dans une nouvelle phase de sa campagne militaire à Gaza moins coûteuse en vies palestiniennes, et engager un dialogue « difficile » sur l’après-guerre.

Face à un bilan qui dépasse désormais les 23 000 morts dans la bande de Gaza selon le gouvernement du Hamas, le secrétaire d’État américain a dit vouloir « parler de la direction que va prendre la campagne militaire à Gaza » et « insister sur l’impératif absolu » qu’Israël « en fasse plus pour protéger les civils ».

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Réduire la présence des troupes

Les organisations internationales continuent d’alerter sur le désastre sanitaire en cours, avec une aide humanitaire qui entre au compte-gouttes, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Antony Blinken devrait faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit humanitaire international et demander des « mesures immédiates » pour accroître l’aide humanitaire à Gaza.

En tant que principal allié et fournisseur d’armes d’Israël, Washington est de plus en plus préoccupé par le nombre de victimes civiles de la guerre, et le président Joe Biden a affirmé qu’il travaillait « discrètement avec le gouvernement israélien pour l’amener à réduire » la présence de ses troupes à Gaza.

L’armée israélienne a parallèlement annoncé une nouvelle phase de la guerre à Gaza. Le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a indiqué au New York Times qu’elle impliquerait moins de soldats et de frappes aériennes, et ajouté que le déploiement des troupes serait réduit à partir de janvier. « Bien qu’il y ait encore des terroristes et des armes dans le nord, ils n’agissent plus dans un cadre militaire organisé », a-t-il déclaré ajoutant que les troupes « opéraient désormais différemment dans cette zone ». « Il s’agit toujours d’opérations complexes, avec de durs combats menés tant au centre qu’au sud. Les combats se poursuivront courant 2024 », a-t-il précisé.

À Gaza, deux journalistes travaillant pour Al Jazeera ont été tués le 8 janvier par une frappe israélienne sur leur véhicule. L’un deux, Moustafa Thuraya, était également un collaborateur de l’AFP. L’armée israélienne a assumé la responsabilité du tir, déclarant à l’AFP avoir « frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes », et être « au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés ».

(Avec AFP)

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