Israël-Palestine : devant l’attitude de Benjamin Netanyahu, Mahmoud Abbas va retourner à l’ONU

Après deux mois de tergiversations, le président palestinien Mahmoud Abbas a envoyé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu une lettre de doléances, et anticipant une réponse négative, s’apprête à retourner devant l’ONU.

Mahmoud Abbas le 18 avril 2012 aux Maldives © AFP

Mahmoud Abbas le 18 avril 2012 aux Maldives © AFP

Publié le 21 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a remis mardi à M. Netanyahu la lettre de M. Abbas, dont le contenu n’a pas été publié, lors d’une rencontre à Jérusalem, la première de ce niveau depuis l’arrêt des pourparlers de paix en septembre 2010. "A la suite des actions entreprises par les gouvernements israéliens successifs, l’Autorité nationale palestinienne n’a plus aucune autorité ni réelle compétence dans les domaines politique, économique, social, territorial et de sécurité", accuse M. Abbas, selon une version du document dont l’AFP a obtenu copie.

Il exige de M. Netanyahu, pour reprendre les négociations, une série d’engagements: discussions sur la base des lignes de 1967 "avec des échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés", gel de la colonisation, libération des détenus palestiniens et retour à la lettre des accords signés. "Si cela ne se produit pas", a assuré dès le lendemain M. Erakat, "l’Autorité palestinienne poursuivra sa stratégie concernant les démarches à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et dans les autres instances de l’ONU". "Nous avons dit au Premier ministre israélien que nous ne permettrions pas que la situation actuelle perdure", a-t-il ajouté, lors d’une conférence à Hébron, en Cisjordanie, sur les conséquences d’une adhésion de la Palestine à l’ONU en tant qu’Etat.

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Offensive à l’ONU

Les deux parties sont convenues que le Premier ministre israélien adresserait sa réponse au président palestinien "dans les deux semaines", via son émissaire personnel, Yitzhak Molcho, mais une réponse favorable apparaît improbable, M. Netanyahu rejetant les lignes de 1967 ou le gel de la colonisation comme d’inacceptables "conditions préalables".

Dans un communiqué mercredi, la Ligue arabe a "réaffirmé son soutien à la partie palestinienne, aussi bien à la lettre du président Mahmoud Abbas au Premier ministre israélien (…) que dans son recours aux Nations unies pour obtenir l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière". Le président palestinien avait annoncé le 12 février lors d’une réunion arabe au Caire son intention d’écrire au chef du gouvernement israélien pour "déterminer la base et les termes de référence de la reprise des négociations". Faute de réponse positive, M. Abbas, venu rendre compte d’une série de "rencontres exploratoires" israélo-palestiniennes en Jordanie en janvier sans résultat tangible, avait prévenu qu’il relancerait sa campagne à l’ONU.

Dernier appel ?

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Il a déposé le 23 septembre la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine, jusqu’à présent enlisée faute de pouvoir compter sur le nombre de voix requis au Conseil de sécurité. M. Abbas pourrait en conséquence se retourner vers l’Assemblée générale, où il dispose d’une large majorité, habilitée à accorder le statut d’Etat non membre. Le département d’Etat américain s’est déclaré mercredi "encouragé par ces échanges en face à face" mais a réitéré l’hostilité de Washington aux démarches palestiniennes à l’ONU. Il a en outre annoncé une nouvelle mission de l’émissaire américain au Proche-Orient, David Hale, qui doit s’entretenir samedi avec le président palestinien.

"Certains pensent que cette lettre vise simplement à mettre les dirigeants israéliens devant leurs responsabilités envers le processus de paix, à prendre le pouls", explique l’analyste politique palestinien Abdelmajid Souilem, "d’autres que c’est la fin du parcours, le dernier appel et qu’il n’y aura plus d’autre occasion". "Ce que l’on peut conclure", écrit-il dans le quotidien Al-Ayyam, "c’est que cette lettre signifie que les relations israélo-palestiniennes ne peuvent plus continuer comme avant".

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