Guinée-Bissau : la junte prête à se défendre face à une force de l’ONU

La junte, qui a pris le pouvoir en Guinée-Bissau le 12 avril, s’est déclarée vendredi prête à « défendre l’intégrité » du pays en cas d’envoi, sous l’égide de l’ONU, d’une force militaire pour y rétablir l’ordre constitutionnel.

Le président de la Cédéao, Kadre Désiré Ouédraogo, le 17 avril 2012 à Abidjan © AFP

Le président de la Cédéao, Kadre Désiré Ouédraogo, le 17 avril 2012 à Abidjan © AFP

Publié le 21 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

"La Guinée-Bissau n’acceptera pas une force d’interposition car la situation ne l’exige pas. Si on lui envoie une force, elle défendra son intégrité territoriale", a déclaré le lieutenant-colonel Daba Na Walna, porte-parole de l’armée et de la junte. La veille, les pays lusophones, au premier rang desquels le Portugal et l’Angola, ont plaidé devant le Conseil de sécurité à New York pour l’envoi d’une force mandatée par l’ONU afin de "rétablir l’ordre constitutionnel" dans le pays.

"Le temps est venu de dire non à la domination des armes sur les urnes", avait lancé le chef de la diplomatie portugaise Paulo Portas, venu défendre une intervention dans cette ancienne colonie portugaise qui a connu le 12 avril son quatrième coup d’Etat militaire en moins de quinze ans. Une éventuelle "force de maintien de la paix" ou "mission de stabilisation" pourrait intégrer des contingents d’Afrique de l’Ouest et de pays lusophones, notamment des soldats angolais déjà présents sur place dans le cadre d’un accord bilatéral de coopération ou encore Cap-Verdiens.

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"Ce qui est en cause, c’est le choix entre un Etat basé sur l’ordre constitutionnel ou un Etat voyou basé sur le pouvoir du trafic de drogue", a affirmé le ministre portugais, qui a demandé des sanctions internationales contre les auteurs du coup et "ceux qui les appuient politiquement". Minée par une instabilité chronique, la Guinée-Bissau est devenue ces dernières années la plaque-tournante du trafic de cocaïne entre Amérique du sud et Europe, avec la complicité souvent dénoncée de la haute hiérarchie militaire et de certains reponsables politiques.

"Usurpation de pouvoir"

En annonçant jeudi, une semaine après le coup, un "transfert sans équivoque du pouvoir aux civils", la junte, qui maintient toujours en détention le président intérimaire Raimundo Pereira et le Premier ministre Carlos Gomes Junior, n’a guère convaincu. Pire, l’alliance de circonstance entre l’armée et les anciens opposants au régime renversé a provoqué la colère des voisins de la Guinée-Bissau qui se sont sentis dupés par les militaires.

Ces derniers s’étaient engagés "par écrit" lundi à "se retirer pour permettre un retour immédiat à la normalité constitutionnelle", selon le président de la Commission de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) Désiré Ouédraogo. Faisant fi de leurs promesses, la junte et l’ex-opposition ont désigné jeudi un président de transition en la personne de Manuel Serifo Nhamadjo, un dissident du parti au pouvoir éliminé au premier tour de la présidentielle du 18 mars, remporté par l’ex-Premier ministre Gomes Junior.

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Le président du futur Conseil national de transition (CNT) a également été choisi. Il s’agit Braima Seri Djalo, vice-président du Parti de la Rénovation sociale (PRS) de Koumba Yala, principal opposant à Gomes Junior. S’exprimant vendredi soir pour la première fois depuis sa désignation, M. Serifo Nhamadjo a assuré ne pas avoir été consulté ni même informé préalablement de sa désignation, qu’il n’a toutefois pas rejetée. La date de l’investiture des nouveaux organes de transition, prévue pour fonctionner deux ans, n’a pas été précisée.

En attendant, la Cédéao a affirmé qu’elle rejetait cette "usurpation de pouvoir" et fait savoir qu’elle ne reconnaîtra "aucune transition émanant de la junte". L’organisation régionale a prévu la semaine prochaine deux sommets pour discuter de la crise en Guinée-Bissau: le premier réunira six chefs d’Etat ouest-africains le 23 avril à Conakry, le second, trois jours plus tard à Abidjan, sera consacré aussi à la crise au Mali, autre pays de la région victime d’un coup d’Etat le 22 mars.

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