Inquiétude pour les ministres du gouvernement déchu en Guinée-Bissau

L’inquiétude montait samedi pour les membres du gouvernement déchu en Guinée-Bissau après le coup d’Etat et l’arrestation des deux têtes de l’exécutif par les putschistes, qui tentaient de mettre en place un gouvernement d' »union » avec l’ex-opposition.

La junte bissau-guinéenne demande le départ des forces angolaises. © AFP

La junte bissau-guinéenne demande le départ des forces angolaises. © AFP

Publié le 15 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

L’inquiétude montait samedi pour les membres du gouvernement déchu en Guinée-Bissau après le coup d’Etat et l’arrestation des deux têtes de l’exécutif par les putschistes, qui tentaient de mettre en place un gouvernement d’"union" avec l’ex-opposition.

Après une réunion de quatre heures à Bissau, les dirigeants des partis de l’ex-opposition ont annoncé la création d’une commission chargée de faire dès dimanche des propositions aux putschistes pour la formation d’un "gouvernement d’union nationale", a constaté une journaliste de l’AFP. Les auteurs du coup d’Etat ont exigé les postes de la Défense et de l’Intérieur dans ce futur gouvernement. Samedi, ils ont redit dans un communiqué qu’ils entendaient "oeuvrer le plus rapidement possible" au retour "à une vie constititutionnelle normale".

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"En danger de mort"

A Lisbonne, était réunie la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), le ministre des Affaires étrangères du cabinet renversé, Mamadou Djalo Pires, a affirmé que ses collègues, "réfugiés quelque part", "sont en danger de mort". "Les persécutions se poursuivent", a-t-il affirmé.
La CPLP a défendu la création d’une "force d’interposition" en Guinée-Bissau, sous l’égide des Nations unies, en vue notamment de la conclusion du processus électoral interrompu jeudi par un coup d’Etat.

Les leaders du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) ex-parti au pouvoir), qui dirigeait le pays depuis près de dix ans, ont été arrêtés ou sont en fuite. Parmi les personnalités arrêtées, se trouvent Raimundo Pereira, président de la République par intérim, ainsi que le Premier ministre Carlos Gomes Junior, candidat du PAIGC et favori du second tour de la présidentielle qui était prévu le 29 avril. Leur parti a demandé leur "libération immédiate et sans condition".

Le chef d’état-major de l’armée, le général Antonio Indjai, a également été arrêté selon la junte. Mais à Lisbonne, Mamadou Djalo Pires l’a accusé d’être à l’origine du coup d’Etat, affirmant que l’annonce de son arrestation était "une farce".

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Les putschistes, conduits par le vice-chef d’état-major, le général Mamadu Turé Kuruma, et les patrons de l’armée de Terre, de l’Air et de la Marine, ont justifié le coup en dénonçant "un accord secret" qui aurait été passé selon eux entre l’exécutif et l’Angola pour "faire éliminer" l’armée par les soldats angolais présents en Guinée-Bissau. La junte a indiqué samedi qu’elle allait faciliter le départ imminent des quelque 200 soldats de la mission, décidé par l’Angola juste avant le putsch.

Le boycott de l’opposition

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Le coup d’Etat est intervenu à deux semaines du second tour de la présidentielle qui devait opposer Carlos Gomes Junior au principal leader d’opposition, Kumba Yala, arrivé deuxième au premier tour du 18 mars. Très vite M. Yala, ancien président (2000-2003) dont le mandat avait été interrompu par un des innombrables coups d’Etat ayant jalonné l’histoire de la Guinée-Bissau depuis son indépendance du Portugal en 1974, avait dénoncé des "fraudes" et annoncé qu’il n’irait pas au second tour.

Ce pays de 1,6 million d’habitants est abonné aux violences politico-militaires et est devenu depuis quelques années une plaque tournante du trafic de drogue entre Amérique du Sud et Europe.

L’Union africaine (UA) et le reste de la communauté internationale ont dénoncé le coup d’Etat, réclamé le retour à l’ordre constitutionnel et la libération des détenus politiques. L’Union européenne (UE) a averti samedi qu’elle envisageait de suspendre totalement son aide à la Guinée Bissau, où dans la capitale, la vie avait repris son cours normal samedi.

Preuve de l’instabilité de cette région, le coup d’Etat à Bissau est le second en moins d’un mois en Afrique de l’Ouest, après celui du 22 mars à Bamako où, sous la pression des pays voisins, les putschistes maliens ont finalement accepté de rendre le pouvoir aux civils.

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