Guinée-Bissau : vers une alliance opposition-militaires à Bissau après le coup d’État

Des leaders d’opposition de Guinée-Bissau devaient discuter samedi de la mise en place d’un gouvernement d' »union » proposé par les militaires qui, après leur coup d’Etat, ont exigé les postes de la Défense et de l’Intérieur.

L’Assemblée nationale de Guinée-Bissau, le 19 mars 2012 à Bissau. © AFP

L’Assemblée nationale de Guinée-Bissau, le 19 mars 2012 à Bissau. © AFP

Publié le 14 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Des leaders d’opposition de Guinée-Bissau devaient discuter samedi de la mise en place d’un gouvernement d’"union" proposé par les militaires qui, après leur coup d’Etat, ont exigé les postes de la Défense et de l’Intérieur.

La vie a repris son cours normal dans les quartiers populaires et le centre de Bissau, a constaté un journaliste de l’AFP. Les militaires étaient peu visibles, sauf devant les édifices publics et le siège du parti au pouvoir jusqu’au coup de jeudi, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

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Des dirigeants des principaux partis d’opposition devaient se rencontrer samedi matin pour évoquer la mise en place d’un gouvernement au sein duquel ne sera pas représenté le PAIGC. Chaque parti devant procéder à des consultations internes, la réunion a été reportée à samedi après-midi, ont-ils annoncé. Les leaders du PAIGC qui dirige le pays depuis près de dix ans ont été arrêtés ou sont en fuite.

Parmi les personnalités arrêtées, se trouvent Raimundo Pereira, président de la République par intérim, ainsi que le Premier ministre Carlos Gomes Junior, candidat du PAIGC à la présidentielle et favori du second tour de la présidentielle qui était prévu le 29 avril. Le chef d’état-major de l’armée, le général Antonio Indjai, a également été arrêté, selon le "commandement militaire" qui a pris le pouvoir et est basé à l’état-major.

Les putschistes, conduits par le vice-chef d’état-major, le général Mamadu Turé Kuruma, et les patrons de l’armée de Terre, de l’Air et de la Marine, ont justifié le coup en dénonçant "un accord secret" qui aurait été passé entre la hiérarchie militaire, l’exécutif et l’Angola, en vue de marginaliser l’armée au profit des soldats angolais présents en Guinée-Bissau.

Deux semaines avant le second tour

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La réunion des leaders des partis d’opposition à l’Assemblée se tient au lendemain d’une première rencontre avec les responsables du putsch, qui ont fait savoir qu’ils s’adjugeaient par avance les postes-clés de la Défense et de l’Intérieur dans le futur gouvernement. Le coup d’Etat est intervenu à deux semaines du second tour de la présidentielle qui devait opposer Carlos Gomes Junior au principal leader d’opposition, Kumba Yala, arrivé deuxième au premier tour du 18 mars.

Très vite M. Yala, ancien président (2000-2003) dont le mandat avait été interrompu par un des innombrables coups d’Etat ayant jalonné l’histoire de la Guinée-Bissau depuis son indépendance du Portugal en 1974, avait dénoncé des "fraudes" et annoncé qu’il n’irait pas au second tour. Son boycott avait été suivi par quatre autres candidats d’opposition éliminés, faisant craindre des troubles dans ce pays de 1,6 million d’habitants abonné aux violences politico-militaires, et devenu depuis quelques années une plaque tournante du trafic de drogue entre Amérique du Sud et Europe.

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L’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dont fait partie la Guinée-Bissau, ainsi que le reste de la communauté internationale ont dénoncé le coup d’Etat et réclamé le retour à l’ordre constitutionnel. Les Etats-Unis ont mis en garde leurs ressortissants se trouvant en Guinée-Bissau contre des "épisodes de violence" possibles et incité ceux qui comptaient s’y rendre à "bien évaluer la situation".

Preuve de l’instabilité de cette région, le coup d’Etat à Bissau est le second en moins d’un mois en Afrique de l’Ouest, après celui du 22 mars à Bamako où, sous la pression de la Cédéao, les putschistes maliens ont finalement accepté de rendre le pouvoir aux civils.

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