Blinken : « Le prix payé par les civils à Gaza est bien trop élevé »

Au cours de sa quatrième tournée dans la région, le chef de la diplomatie américaine a discuté avec plusieurs dirigeants prêts à œuvrer pour assurer la « sécurité d’Israël ». Qui ne passera que par « un chemin vers un État palestinien ».

Antony Blinken et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à Tel-Aviv, le 9 janvier 2024. © EVELYN HOCKSTEIN / POOL / AFP

Antony Blinken et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à Tel-Aviv, le 9 janvier 2024. © EVELYN HOCKSTEIN / POOL / AFP

Publié le 10 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

Le bilan des victimes à Gaza est « bien trop élevé », estime Antony Blinken qui rencontre ce 10 janvier le président palestinien Mahmoud Abbas afin notamment d’aborder l’épineux dossier de l’après-guerre dans ce territoire ravagé par des frappes israéliennes.

Quatrième mois

La veille, le chef de la diplomatie américaine s’est entretenu à Tel-Aviv avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour exhorter Israël à épargner les civils palestiniens dans sa guerre contre le Hamas à Gaza. « Nous savons que faire face à un ennemi qui se cache parmi la population civile, se planque dans des écoles et des hôpitaux pour tirer, rend les choses incroyablement difficiles. Mais le prix payé chaque jour par les civils à Gaza, notamment les enfants, est bien trop élevé », a-t-il déclaré.

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Les hostilités sont entrées cette semaine dans leur quatrième mois alors que l’ONU tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé. La bande de Gaza a besoin de recevoir « plus de nourriture, plus d’eau, plus de médicaments », a reconnu Blinken en exhortant aussi Israël à « cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes ».

Ni Hamas, ni administration civile israélienne

Peu avant le départ de Blinken pour cette tournée au Moyen-Orient, sa quatrième depuis le début de la guerre, le ministre israélien de la Défense avait dévoilé son premier plan pour « l’après »-guerre à Gaza. Ce plan Gallant prévoit une gouvernance locale qui ne soit « ni le Hamas », « ni une administration civile israélienne », mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont « pas hostiles » à Israël.

Des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahou plaident pour une recolonisation de Gaza, tandis que Washington souhaite, selon de nombreux analystes, revoir sur place l’Autorité palestinienne (AP) mais réformée. « L’Autorité palestinienne a la responsabilité de se réformer, d’améliorer sa gouvernance. Ce sont là des enjeux que je vais aborder avec le président Abbas lorsque nous nous rencontrerons demain », a déclaré le secrétaire d’État.

85 % de déplacés

Mahmoud Abbas, élu pour la dernière et seule fois en 2005, doit rencontrer en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi le 10 janvier pour discuter d’un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza et de la livraison ininterrompue d’aide humanitaire selon Amman.

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Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85 % de la population a été déplacée et où l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Gaza se « réduire », parlant de « catastrophe humanitaire ».

Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la bande de Gaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement israélien a accepté le principe d’une « mission d’évaluation » de l’ONU sur la situation dans le nord de Gaza en vue d’un retour des déplacés, a souligné mardi M. Blinken.

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Foyers de tension

Le Hezbollah libanais a affirmé avoir ciblé une base militaire dans le nord d’Israël, en représailles à l’élimination ces derniers jours d’un haut responsable militaire du mouvement, Wissam Tawil, et du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri.

Autre foyer de tension : la mer Rouge. Les États-Unis ont indiqué y avoir abattu tard le 9 janvier, et avec l’aide de la marine britannique, 18 drones et 3 missiles tirés par les Houthis dans le cadre d’une attaque « complexe » visant à freiner le trafic maritime dans ce passage stratégique en guise de « solidarité », selon ces rebelles yéménites, avec les Palestiniens de Gaza.

Le secrétaire d’État américain a dit avoir discuté au cours de sa tournée avec plusieurs dirigeants de la région prêts à œuvrer pour une fin du « cycle de la violence » et à assurer la « sécurité d’Israël ». « Mais ils ont tous souligné que cela ne pourra passer que par une approche régionale comprenant un chemin vers un État palestinien ».

(Avec AFP)

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