En Afrique, les vautours pourraient-ils disparaître ?
Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur le sort d’espèces d’oiseaux menacées sur l’ensemble du continent.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.
Si le vautour est métaphoriquement symbole de prédation et prosaïquement synonyme de présence de charognes, sa réputation macabre n’élude pas le rôle déterminant qu’il joue dans l’écosystème, notamment en Afrique. Une récente étude publiée dans la revue scientifique britannique Nature Ecology & Evolution fait pourtant état d’inquiétudes sur le sort de quarante-deux espèces de prédateurs et charognards de la savane, y compris dans les parcs nationaux et les réserves animalières.
En Afrique de l’Ouest, de l’Est, centrale et australe, les ornithologues se sont intéressés, sur une période de quarante ans, à l’évolution de populations d’oiseaux comme les vautours namibiens ou les aigles huppards. Près de 90 % des espèces étudiées ont connu une nette diminution du nombre de leurs représentants. Plus des deux tiers peuvent être considérées comme menacées.
Parmi les cas les plus spectaculaires, des espèces indigènes africaines comme la buse, le circaète de Beaudouin, l’aigle bateleur ou le vautour de Rüppell qui ont vu leurs populations décliner respectivement de 78 %, 83 %, 87 % et 97 %. Le dernier de cette liste ne compte plus que 22 000 individus sur terre. Globalement, les pertes de prédateurs et charognards sont particulièrement brutales en Afrique de l’Ouest.
Causes connues, conséquences insoupçonnées
Les difficultés rencontrées par les volatiles d’Afrique sont liées à la croissance démographique humaine exponentielle, à l’évolution dans l’utilisation des terres, au réseau florissant des lignes électriques, au braconnage par pièges et à des empoisonnements accidentels ou délibérés, via des substances parfois destinées à d’autres prédateurs.
Négligés ou traqués, les rapaces jouent pourtant un rôle salvateur pour la biodiversité. Les nauclers d’Afrique, par exemple, dévorent des animaux que les agriculteurs jugent nuisibles, comme certains rongeurs ou insectes. Les charognards, quant à eux, compromettent la diffusion de certaines maladies, en évitant la stagnation prolongée de carcasses d’animaux malades.
Besoin de politiques volontaristes
Pour les observateurs de l’Afrique, le cas de l’Inde démontre qu’en provoquant la quasi-disparition des vautours, l’administration massive, au bétail, de l’anti-inflammatoire diclofénac a conduit à la contamination de l’eau, par la putréfaction de leurs cadavres, et à la propagation de la rage, via des chiens sauvages qui ont pris la place d’« éboueurs ».
Cause perdue ? En Amérique et en Europe, des politiques volontaristes ont enrayé le déclin de ces espèces, notamment par la création de nouvelles réserves afin d’abriter faune et flore sauvages. Actuellement, les territoires protégés ne représentent que 14 % de la superficie de l’Afrique. Par ailleurs, il conviendrait d’interdire les poisons et d’adapter les lignes électriques.
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