Tunisie : des blessés lors de la dispersion d’une manifestation de chômeurs
Plusieurs personnes ont été blessées samedi lors d’une manifestation de diplômés chômeurs dispersée par la police dans le centre de Tunis, ont constaté des journalistes de l’AFP.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et donné des coups de matraques pour empêcher l’accès à l’avenue centrale Habib Bourguiba, désormais interdite aux manifestations, de plusieurs milliers de manifestants rassemblés pour réclamer des emplois.
Des ambulances ont évacué les blessés, alors que les protestaires se repliaient sur une place devant les locaux de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, centrale syndicale historique).
"Une vingtaine de manifestants ont été blessés lorsque la police déchaînée a chargé", a affirmé Belgacem Ben Abdallah, dirigeant de l’Union des diplômés chômeurs qui a appelé au rassemblement.
"Nous sommes venus manifester pacifiquement pour l’emploi, la liberté et la dignité car rien n’a changé depuis la révolution. La police s’est comportée sauvagement comme au temps de Ben Ali", a-t-il protesté.
Le ministère de l’Intérieur a fait état de son côté de six agents de police blessés par des jets de pierre et accusé les manifestants de braver la loi.
"Liberté, dignité !"
"Ils ont été avertis mais ont délibérément ignoré l’interdiction pour envahir les lieux par la force, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour les en empêcher, ce qui a provoqué des heurts", a indiqué le porte-parole du ministère Khaled Tarrouche.
"Nous ne laisserons pas installer le chaos et ne permettrons pas que la loi soit piétinée, les manifestants avaient le choix entre plusieurs endroits pour s’exprimer librement", a affirmé M. Tarrouche.
A l’appel de leur association, des diplômés chômeurs venus de toutes les régions tunisiennes s’étaient rassemblés devant l’UGTT, avant de tenter des incursions sur l’avenue centrale Habib Bourguiba.
Théâtres de fréquentes manifestations depuis la révolution, l’avenue centrale de Tunis a été interdite depuis le 28 mars aux rassemblements après des incidents lors d’une manifestation de salafistes réclamant la charia, la loi islamique.
"A bas le gouvernement!, travail, liberté, dignité!", ont scandé les protestataires reprenant le slogan de la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir le 14 janvier 2011.
"Nous ne reculerons pas d’un pouce sur nos droits", a indiqué Hafedh Raies un coordinateur venu de Zaghouan (nord-est)
"Nous en sommes au même point"
Selon M. Ben Abdallah, les manifestants veulent des emplois et des allocations de chômage équivalant au salaire minimum tunisien (environ 150 euros). Le taux de chômage est officiellement de 19% en Tunisie, dont près d’un quart de diplômés.
Il a accusé le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda de ne pas tenir ses promesses et de reprendre à son compte la politique de Ben Ali en matière d’emploi.
"Un an et demi après la révolution nous voilà toujours chômeurs, au même point et sans perspectives" a lancé un autre dirigeant de l’Union des diplômés chômeurs, créée en 2006 et agréée après la révolution.
Dans son programme de création d’emplois, le gouvernement prévoit notamment 25.000 postes dans la fonction publique, un chiffre bien loin de satisfaire aux 300.000 demandes des diplômés de l’université.
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