Aung San Suu Kyi salue le début d’une « ère nouvelle » en Birmanie

Au lendemain d’élections partielles historiques en passe de se transformer en véritable triomphe pour son parti, l’opposante birmane Aung San Suu Kyi a salué lundi le début d’une « nouvelle ère » pour son pays. Qu’elle a appelé à s’unir pour consolider la démocratie.

L’opposante birmane Aung San Suu Kyi le 1er avril 2012 à Kawhmu. © AFP

L’opposante birmane Aung San Suu Kyi le 1er avril 2012 à Kawhmu. © AFP

Publié le 2 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

La lauréate du prix Nobel de la paix, sans doute future députée de la circonscription rurale de Kawhmu, près de Rangoun, a prononcé quelques mots au siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Un discours de victoire, bref et solennel. "Nous espérons que cela va être le début d’une nouvelle ère, dans laquelle le rôle du peuple dans la politique au quotidien sera accentué", a-t-elle déclaré aux quelques centaines de partisans qui l’attendaient avec des fleurs.

la suite après cette publicité

"Ce n’est pas tant notre triomphe que le triomphe de ceux qui ont décidé qu’ils devaient participer au processus politique de ce pays".

"Ce qui importe n’est pas le nombre de sièges remportés, bien que nous soyons bien sûr extrêmement satisfaits d’en avoir gagné autant, (mais) le fait que les gens montrent autant d’enthousiasme dans leur participation au processus démocratique".

Bien avant la moindre communication officielle de la Commission électorale, la LND avait tablé dimanche soir sur des victoires dans tout le pays, affirmant que Suu Kyi avait triomphé dans sa circonscription.

Des milliers de partisans avaient hurlé leur joie et chanté jusque tard dans la soirée devant le quartier général du parti, au centre de la capitale économique du pays.

la suite après cette publicité

Appel à l’union

Un siège semblait toutefois pouvoir leur échapper. "Nous avons gagné 43 sièges sur 44, nous attendons les résultats pour le dernier, dans le Nord de l’Etat Shan", a précisé Kyi Toe, porte-parole de la LND.

Un responsable du Parti national démocratique shan (SNDP), deuxième force du parlement actuel, a de son côté assuré que son candidat était "en tête" dans une circonscription de ce même Etat.

la suite après cette publicité

Mais la "Dame", qui prône la non-violence contre l’oppression depuis près de 25 ans, a lancé un appel à l’union. "Nous espérons que tous les partis qui ont participé aux élections seront en mesure de coopérer avec nous afin de créer une atmosphère véritablement démocratique dans notre Nation".

Dans un message diffusé tard dimanche soir, elle avait déjà appelé ses partisans à la mesure, exigeant que "la victoire du peuple soit une victoire digne".

"Des propos, comportements et activités qui pourraient faire du tort aux autres organisations et personnes doivent être bannis", avait-elle insisté.

Quarante-cinq sièges étaient à pourvoir dimanche: 37 à la chambre basse du parlement (sur 440 députés), six à la chambre haute et deux dans des chambres régionales. La LND présentait des candidats dans 44 de ces circonscriptions.

Le nouveau gouvernement n’a donc rien à craindre dans l’immédiat.

Le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), créé de toutes pièces par l’ancienne junte, avait revendiqué environ 80% des sièges en 2010. Et un quart des parlementaires sont, en vertu de la Constitution, des militaires d’active désignés en marge du processus électoral.

Prudence

Mais Suu Kyi va désormais tenter d’influencer l’appareil de l’intérieur, d’ici les législatives de 2015 qui, au vu de ce résultat, pourraient voir l’opposition devenir majorité.

"Ils veulent gagner les prochaines élections complètement et être capables de mettre en place leur propre gouvernement", assurait ainsi avant le scrutin Trevor Wilson, ancien ambassadeur australien en Birmanie.

Les anciens militaires réformateurs arrivés au pouvoir il y a un an tentent de prouver que leurs réformes justifient la levée des sanctions occidentales qui étranglent l’économie du pays.

Dans le cadre de ce processus de transition sous contrôle de l’armée, ils avaient même intérêt, selon les analystes, à voir l’opposante triompher sous le regard de la communauté internationale.

En attendant les résultats officiels, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’est montrée prudente.

"Il est trop tôt pour juger de la signification des progrès réalisés au cours des derniers mois et si ceux-ci se poursuivront", a-t-elle déclaré, assurant que les Etats-Unis étaient "engagés à soutenir ces efforts".

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires