Algérie : génération connectée
Annoncée depuis 2005 et maintes fois repoussée, la téléphonie 3G doit enfin entrer en service d’ici à décembre. Mais il faudra encore faire preuve de patience pour que tout le monde y ait accès.
À la fin des années 1990, tout Algérien détenteur d’un téléphone portable devait avoir des connaissances haut placées, être pistonné ou débourser une fortune pour espérer obtenir une puce.
Jusqu’à la libéralisation, en 2001, ce joujou était fort rare : on recensait alors à peine 50 000 usagers sur le territoire national. En 2013, selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), le pays compte plus de 37,5 millions d’abonnements au réseau mobile (pour 38 millions d’habitants), qui s’apprête à franchir un nouveau cap, celui de la téléphonie mobile de troisième génération (3G).
En Algérie, la généralisation de l’usage de la 3G se fera par paliers.
Retards
Annoncée depuis 2005, mais sans cesse retardée, cette dernière doit, en principe, entrer en service dans le courant du mois de décembre. Pour obtenir la licence provisoire 3G, chacun des trois opérateurs et leurs filiales mobiles – Algérie Télécom (Mobilis), Wataniya Telecom Algérie (Nedjma) et Orascom Telecom Algeria (Djezzy) – ont déboursé 3 milliards de dinars (plus de 27 millions d’euros).
Mais ce n’est qu’une fois les offres techniques et financières acceptées et les canaux de fréquences alloués par l’ARPT que Mobilis, Nedjma et Djezzy seront enfin autorisés à commercialiser le service 3G tant attendu par les particuliers et les opérateurs économiques.
Accessibilité
Le processus officiellement lancé, la généralisation de l’usage de la 3G se fera par paliers. Au cours des trois premières années de mise en service, les offres commerciales des opérateurs ne pourront couvrir que les principales villes, c’est-à-dire Alger (Centre), Constantine (Est), Oran (Ouest) et Ouargla (Sud), avant de s’étendre progressivement sur l’ensemble des 48 wilayas (départements), qui devraient toutes être couvertes à l’horizon 2020.
La 3G ne sera pas non plus accessible à toutes les bourses dès son lancement. En effet, l’abonnement mensuel devrait osciller entre 5 000 et 8 000 dinars, un coût relativement élevé quand le salaire national minimum garanti (SNMG) plafonne à 18 000 dinars. En l’absence de contenu « made in Algeria », les opérateurs devront passer par des réseaux internationaux pour mettre à la disposition de leurs clients les produits et applications nécessaires. D’où ces tarifs prohibitifs.
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Coût
Saad Damma, PDG de Mobilis, tempère toutefois les appréhensions des futurs consommateurs : « La tarification connaîtra une baisse progressive avec l’augmentation du nombre d’abonnés, exactement comme cela s’est passé avec la 2G », explique-t-il.
Même tonalité chez Younes Grar, expert dans le domaine des technologies de l’information et de la communication et pionnier de l’hébergement internet en Algérie. Il estime qu’un prix d’entrée autour de 2 500 dinars sera « possible si le nombre d’abonnés augmente considérablement, avec des services en moins, afin de démocratiser cette technologie », et que ce prix dépendra aussi du coût de la bande passante, que seule Algérie Télécom vend aux opérateurs.
Emplois
Outre la démocratisation de l’accès à l’internet à haut débit, la création de milliers d’emplois dans la distribution et, in fine, le chamboulement des habitudes de consommation, l’arrivée du téléphone de troisième génération devrait permettre de développer la production locale de téléphones mobiles, jusqu’à présent principalement importés d’Asie.
Leader de l’électroménager, le groupe Condor Electronics, propriété de la famille Benhamadi, compte proposer des smartphones 100 % algériens pour des prix allant de 15 000 à 8 500 dinars. Pas de doute, la deuxième révolution du mobile est en cours en Algérie.
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