Israël-Hamas : Blinken rencontre Sissi dans l’espoir d’endiguer une propagation du conflit
Le secrétaire d’État américain poursuit sa tournée au Moyen-Orient et doit s’entretenir avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Israël, dans le même temps, fait face à des accusations « d’actes génocidaires » devant la Cour internationale de justice.
L’aviation israélienne bombarde lourdement, ce 11 janvier, le sud de la bande de Gaza, alors que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken poursuit en Égypte sa tournée au Moyen-Orient dans l’espoir d’endiguer une plus vaste propagation du conflit Israël-Hamas.
La guerre devrait être au programme de la rencontre, ce 11 janvier au matin au Caire, d’Antony Blinken et du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays avait joué un rôle clé en faveur d’une trêve d’une semaine à la fin de novembre.
Tôt dans la matinée, l’aviation israélienne a multiplié les frappes dans le secteur de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et épicentre des combats ces dernières semaines, selon des témoins. Le Hamas, lui, a fait état de 62 morts dans la nuit à travers Gaza.
Israël devant la Cour internationale de justice
En parallèle des combats, Israël fait face devant la Cour internationale de justice à des accusations, formulées par l’Afrique du Sud, « d’actes génocidaires » pour son offensive à Gaza. Mais le président israélien, Isaac Herzog, les a déjà qualifiées « d’absurdes ».
À ce jour, les opérations militaires dans la bande de Gaza ont fait au moins 23 357 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, soit près de 1 % de la population de ce territoire, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En début de soirée, le 10 janvier, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé la mort de six personnes, dont quatre de ses secouristes, dans une frappe sur une ambulance dans le centre de la bande de Gaza, qu’il a attribuée à l’armée israélienne. Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85 % de la population a été déplacée et où l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes. La distribution de l’aide est confrontée à des obstacles « quasiment insurmontables », a d’ailleurs soutenu le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
À Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où se sont réfugiés des centaines de milliers de personnes fuyant les combats, Zaki Shaheen, un médecin à la retraite, a lui transformé sa boutique en salle de premiers secours afin de soigner les blessés palestiniens.
« La nuit, nous restons parfois jusqu’à 23 heures ou après minuit, lorsque tout est fermé, qu’il est impossible de monter dans une voiture ou de se rendre à l’hôpital. Nous soignons les blessés et ils peuvent ensuite aller à l’hôpital le lendemain […]. J’ai eu cette idée pendant cette période [la guerre], en espérant qu’elle se termine bientôt », dit-il.
Craintes d’un embrasement régional
En dépit des nombreux efforts diplomatiques, rien ne semble pouvoir mettre fin à cette guerre entrée cette semaine dans son quatrième mois. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken tente d’éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas compte plusieurs alliés, avec des groupes armés soutenus par l’Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.
À la frontière nord d’Israël, les échanges de tirs avec le Hezbollah libanais sont quotidiens depuis le début de la guerre. Et ils ont gagné en intensité depuis la frappe attribuée à Israël le 2 janvier qui a tué à Beyrouth le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri. « Après avoir combattu à Gaza, nous saurons comment le faire au Liban s’il le faut », a prévenu le chef l’armée israélienne, Herzi Halevi.
Les forces britanniques et américaines ont abattu dans la soirée du 9 janvier 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis en mer Rouge, d’après l’armée américaine, dans une attaque « complexe » revendiquée par les rebelles yéménites qui cherchent à freiner le trafic maritime dans cette route stratégique en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza.
Depuis la mi-novembre, les Houthis ont mené 26 attaques en mer Rouge, selon l’armée américaine, au point où le trafic local de porte-conteneurs a chuté d’environ 70 %, a déclaré Ami Daniel, fondateur et dirigeant de Windward, une société de conseil et d’expertise en transport maritime.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé le 10 janvier l’arrêt « immédiat » des attaques des Houthis, dont les actions « auront des conséquences », a prévenu Blinken le 10 janvier au soir depuis Bahreïn et après son entretien, plus tôt dans la journée, avec le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas.
« Israël n’a pas l’intention d’occuper Gaza de manière permanente »
L’AP avait perdu en 2007 le contrôle de la bande de Gaza au profit du Hamas pour n’exercer son pouvoir, limité, qu’en Cisjordanie occupée. Mais Washington souhaite voir une Autorité palestinienne réformée jouer un rôle clé dans le futur de Gaza après la guerre.
Lors de leur réunion, Abbas et Blinken ont « parlé de l’importance de la réforme de l’Autorité palestinienne, de sa politique et de sa gouvernance, afin qu’elle puisse effectivement assumer la responsabilité de Gaza […] », a dit le chef de la diplomatie américaine en réaffirmant le soutien de Washington à la création d’un État palestinien.
« Je tiens à clarifier quelques points : Israël n’a pas l’intention d’occuper Gaza de manière permanente ou de déplacer sa population civile », a déclaré Benyamin Netanyahou, allant ainsi à l’encontre de ministres d’extrême droite de son gouvernement, mais sans s’engager en faveur d’un État palestinien.
(Avec AFP)
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