Égypte : les Frères musulmans désignent leur candidat à la présidentielle
Les Frères musulmans, première force politique d’Égypte, ont désigné samedi leur numéro deux, Khairat al-Chater, comme candidat à la première présidentielle du pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011.
"Le bloc parlementaire du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) va nommer Khairat al-Chater comme son candidat à la présidentielle" de mai, a annoncé sur sa page Facebook le PLJ, issu de la confrérie des Frères musulmans.
Le guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, a confirmé la nomination de M. Chater lors d’une conférence de presse, et a lu un bref communiqué du candidat, qui n’était pas présent.
"Je ne peux qu’accepter la décision des Frères musulmans de me nommer comme leur candidat à l’élection présidentielle. Par conséquent, je vais démissionner de mon poste d’adjoint du guide", a-t-il écrit dans le communiqué.
Le PLJ, qui domine le Parlement, avait dit qu’il réfléchissait à la possibilité d’avoir un candidat après avoir affirmé pendant des mois qu’il privilégiait un soutien à un candidat de consensus.
Les Frères musulmans ont souligné que la nomination de M. Chater ne constituait pas un revirement, mais qu’elle était nécessaire. "La révolution et le processus démocratique sont réellement menacés", a déclaré le secrétaire général de la confrérie, Mahmoud Hussein.
M. Chater, un professeur d’ingéniérie de 61 ans ayant fait fortune dans les affaires, a rejoint l’organisation islamiste en 1981, après des années de militantisme étudiant, avant de devenir membre de son conseil exécutif en 1995.
Le régime de semi-clandestinité imposé par le régime Moubarak aux Frères musulmans, alternativement tolérés ou réprimés, lui a valu plusieurs séjours en prison.
Son empire commercial est réputé la première source de financement de la confrérie, dont les revenus et les circuits financiers sont toutefois très mal connus.
Transition agitée
L’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai, est la première depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire après trois décennies au pouvoir.
Ce scrutin est censé clore une transition agitée, au cours de laquelle l’armée au pouvoir, portée aux nues pendant le soulèvement populaire de l’an dernier, est devenue la cible des militants ayant mené la révolte contre l’ancien régime.
M. Chater devrait affronter notamment le salafiste Hazem Abou Ismaïl, partisan d’un islam rigoriste, l’ex-secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et l’ex-membre des Frères musulmans Abdel Moneim Aboul Foutouh.
Le dépôt des candidatures s’achève le 8 avril, date à laquelle les candidats pourront commencer leur campagne. Les partis représentés au Parlement, dominé par les islamistes, peuvent désigner un candidat.
Les relations se sont tendues ces dernières semaines entre le conseil militaire au pouvoir et les Frères musulmans qui réclament avec de plus en plus d’insistance le départ du gouvernement nommé par les militaires.
Tensions
Cette nomination risque d’accentuer les tensions. M. Hussein a souligné que l’appel de la confrérie à limoger le gouvernement avait été ignoré, en évoquant par ailleurs des "menaces de dissoudre le Parlement".
Selon lui, "un ou plusieurs membres du régime déchu" envisagent de se présenter à la magistrature suprême, et cela est une preuve qu’il existe un projet de ramener au pouvoir l’ancien régime.
Le chef du PLJ, Mohammed Moursi, a aussi affirmé que la nomination d’un candidat "ne constituait pas un changement de principes". "L’Egypte a besoin d’un candidat parmi nous qui puisse assumer les responsabilités", a-t-il dit aux journalistes.
"L’Egypte a des problèmes qui n’ont toujours pas été résolus", a ajouté M. Moursi, en citant les pénuries de carburants et de gaz ainsi que l’insécurité. "Tout cela nous a poussés vers l’Exécutif".
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