Libye : trève annoncée après des combats tribaux ayant fait 147 morts dans le Sud

Le gouvernement libyen a annoncé samedi qu’un accord sur un cessez-le-feu avait été trouvé entre tribus rivales à Sebha, après six jours de combats ayant fait plus de 147 morts et 395 blessés, selon un bilan officiel.

La ville de Sabha en Libye, le 29 mars 2012. © AFP

La ville de Sabha en Libye, le 29 mars 2012. © AFP

Publié le 1 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

"Jusqu’à hier (vendredi) soir, nous avons enregistré 147 morts et 395 blessés", a déclaré la ministre de la Santé Fatima al-Hamrouch, affirmant ne pas disposer du bilan des affrontements de samedi, qui auraient fait au moins 16 morts selon des sources locales.

Auparavant, le chef du gouvernement de transition, Abdel Rahim al-Kib, avait annoncé qu’un accord sur un cessez-le-feu avait été conclu entre tribus à Sebha dans le sud désertique de la Libye.

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"Nous annonçons que les efforts de réconciliation ont abouti à un accord pour un cessez-le-feu", a indiqué M. Kib, affirmant que "le calme prévalait maintenant à Sebha" où deux trêves ont déjà été violées.

"La situation est actuellement calme et les forces dépendant du ministère de la Défense sécurisent les installations et les zones stratégiques dans la ville, notamment l’aéroport", a déclaré de son côté le chef d’état-major Youssef al-Mangouch au cours d’une conférence de presse conjointe.

"Les habitants ont pris les armes pour se défendre"

Samedi matin, les combats avaient repris dans la ville, faisant de nouvelles victimes.

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"Nous n’avons pas dormi depuis hier (vendredi) soir. Les Toubous ont attaqué Sebha à partir de 03H00 (01H00 GMT). Ils ont failli prendre la ville. Tous les habitants ont pris les armes pour se défendre", avait indiqué plus tôt le médecin Abdelrahman Al-Arich, faisant état de huit morts et de 50 blessés parmi les tribus arabes.

Adem Al-Tebbaoui, un responsable local des Toubous, a de son côté déploré huit morts.

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Selon des sources concordantes, des combattants toubous qui avaient été repoussés ces derniers jours de plusieurs kilomètres vers le sud de Sebha, ont mené avant l’aube une contre-offensive, tentant d’entrer dans la ville.

Les Toubous sont accusés par les autres tribus de compter dans leurs rangs des combattants étrangers venus notamment du Tchad limitrophe.

Mais selon M. Al-Tebbaoui, "les tribus arabes arrêtent des immigrants africains qui travaillent dans la ville et les présentent à la presse comme des combattants Toubous venus de l’étranger".

"Nettoyage ethnique des Toubous".

Vendredi, le dirigeant des Toubous en Libye, Issa Abdelmajid Mansour, a appelé les Nations unies et l’Union européenne à intervenir pour arrêter ce qu’il qualifie de "nettoyage ethnique des Toubous".

"Nous demandons à l’ONU et à l’Union européenne d’intervenir pour faire cesser le nettoyage ethnique des Toubous", a déclaré cet ex-opposant au régime déchu de Mouammar Kadhafi, qui avait brandi récemment la menace séparatiste.

M. Mansour a accusé les tribus arabes de Sebha d’avoir bombardé une centrale électrique alimentant plusieurs régions du sud, comme Qatroun et Morzouk, considérées comme des fiefs des Toubous. Les télécommunications ont été également coupées, a-t-il ajouté.

Les Toubous accusent les autorités de soutenir les tribus arabes, tandis que celles-ci dénoncent la "passivité" et l’"inaction" du gouvernement, face à une "invasion étrangère", en l’absence d’une armée nationale organisée capable d’imposer l’ordre.
Les Toubous, à la peau noire, qui vivent à cheval sur la Libye, le nord du Tchad et du Niger, sont impliqués depuis février dans des affrontements meurtriers avec des tribus locales du Sud notamment à Koufra et Sebha.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les nouvelles autorités peinent à contrôler les dizaines de brigades d’ex-rebelles ayant combattu les Kadhafistes, qui continuent de faire la loi dans le pays.

Plusieurs tribus et habitants de plusieurs régions se sont servis dans l’arsenal militaire hérité de Mouammar Kadhafi, et n’hésitent pas à recourir aux armes au moindre conflit d’intérêts.
 

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