Mali : inquiétudes pour des journalistes couvrant les suites du putsch
La France et des organisations maliennes de défense de la liberté de la presse et de défense des droits de l’Homme se sont déclarées vendredi inquiètes pour les journalistes couvrant les suites du coup d’Etat du 22 mars au Mali, dont certains ont été brièvement interpellés.
"Plusieurs journalistes maliens et étrangers ont été inquiétés, dont certains interpellés puis relâchés, hier (jeudi) à Bamako alors qu’ils exerçaient leur métier", a affirmé le ministère français des Affaires étrangères, sans plus de détails, dans un message sur son site Internet.
"La France proteste contre de telles arrestations et rappelle son attachement au respect de la liberté de la presse et du libre exercice du métier de journaliste partout dans le monde", a-t-il ajouté.
Jointe par l’AFP, la rédaction d’un média international a parlé de "harcèlement" contre son correspondant au Mali parmi cinq journalistes nationaux et étrangers.
"Hier (jeudi), certains journalistes se sont sentis menacés par des militaires et des civils non identifiés" lors des affrontements ayant opposé détracteurs et partisans des putschistes, a de son côté dit un responsable de syndicat malien. Selon lui, certains journalistes et responsables politiques et syndicaux ont été brièvement conduits à Kati (15 km au nord de Bamako), au quartier général de la junte militaire ayant pris le pouvoir le 22 mars. Officiellement, "c’était pour leur sécurité", a-t-il indiqué.
Aucune des sources n’a souhaité fournir de détails.
Ibrahima Famakan Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes du Mali (Unajom) s’est de son côté déclaré préoccupé pour les journalistes depuis le putsch, notamment ceux de la radio et de la télévision publiques ORTM contrôlées par les militaires le 21 mars.
"Cas de violation de la liberté de la presse"
"Pratiquement tout a été volé: équipement de production, ordinateurs, effets personnels… Et les agents travaillent aujourd’hui au milieu d’un arsenal de guerre, avec des militaires partout. Ce n’est pas cela, la sécurité" et la liberté de la presse, a affirmé à l’AFP M. Coulibaly.
Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne pour la défense des droits de l’Homme (AMDH) a regretté "des cas de violation de la liberté de presse et d’opinion lors des évènements d’hier (jeudi).
"Ceci est condamnable", a déclaré à l’AFP Me Mariko, dont l’ONG condamne le coup d’Etat.
Il a par ailleurs déploré "l’incident regrettable de l’aéroport" de Bamako, où une manifestation de partisans de la junte a provoqué jeudi l’annulation d’une réunion de dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le Mali.
"On aurait dû laisser atterrir les avions des chefs d’Etat de la Cédéao, écouter leurs messages" et en discuter "pour essayer de définir un plan de sortie de crise", a-t-il estimé, en rejetant l’éventualité d’une intervention militaire de la Cédéao "sur le sol malien" évoquée pour obliger les putschistes à rétablir l’ordre constitutionnel.
La Cédéao a menacé la junte d’un embargo "diplomatique et financier" faute d’un retour à l’ordre constitutionnel d’ici à lundi, sans exclure l’éventualité d’une intervention de sa force.
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