L’Afrique du Sud accuse Israël de violer la Convention sur le génocide

Pretoria a saisi la Cour internationale de justice pour qu’elle enjoigne à Israël de « suspendre immédiatement ses opérations militaires » dans la bande de Gaza.

Des sympathisants d’Israël manifestent devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, le 11 janvier 2024. © Robin Utrecht / ANP / AFP

Des sympathisants d’Israël manifestent devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, le 11 janvier 2024. © Robin Utrecht / ANP / AFP

Publié le 11 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

Le 11 janvier, l’Afrique du Sud a accusé Israël de violer la Convention des Nations unies sur le génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ), affirmant que même l’attaque du Hamas du 7 octobre ne pouvait justifier de telles violations présumées à Gaza.

Pretoria a saisi en urgence la Cour qui siège à La Haye pour qu’elle enjoigne à Israël de « suspendre immédiatement ses opérations militaires » dans la bande de Gaza, une confrontation judiciaire historique qualifiée d’ « absurde » et « atroce » par Israël.

la suite après cette publicité

« Aucune attaque armée sur le territoire d’un État, aussi grave soit-elle […] ne peut justifier une violation de la Convention », a affirmé le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, devant la plus haute juridiction de l’ONU. « La réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre a franchi cette ligne et a donné lieu à des violations de la Convention », a-t-il soutenu devant la quinzaine de magistrats de la CIJ présents à l’audience, retransmise publiquement par lien vidéo.

« Au bord de la famine »

Selon Pretoria, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l’Holocauste. La campagne israélienne de bombardements vise à « la destruction de la vie des Palestiniens » et pousse les Palestiniens « au bord de la famine », a affirmé Adila Hassim, avocate de l’Afrique du Sud.

« Les génocides ne sont jamais déclarés à l’avance, mais cette cour bénéficie des 13 dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d’intention qui justifie une allégation plausible d’actes génocidaires », a-t-elle déclaré. En tant que cosignataire du traité, Pretoria peut poursuivre Israël devant la Cour internationale de justice qui statue sur les différends entre États.

Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, soutient depuis longtemps la cause palestinienne. L’ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela avait affirmé que la liberté de l’Afrique du Sud serait « incomplète » sans celle des Palestiniens.

la suite après cette publicité

Pretoria a aussi indiqué être « pleinement consciente » du « poids particulier de la responsabilité » que représente le fait d’accuser Israël de violer la Convention sur le génocide et condamné « sans équivoque » l’attaque du Hamas du 7 octobre.

« Atroce et absurde »

Israël s’exprimera le 12 janvier devant la CIJ, mais son président a d’ores et déjà déclaré qu’il n’y avait « rien de plus atroce et absurde » que les accusations de Pretoria. « Nous serons devant la Cour internationale de Justice et nous présenterons fièrement notre cas de légitime défense (…) en vertu du droit international humanitaire« , a ajouté Isaac Herzog. Selon lui, l’armée israélienne « fait tout son possible, dans des circonstances extrêmement compliquées sur le terrain, pour s’assurer qu’il n’y aura pas de conséquences imprévues ni de victimes civiles ».

la suite après cette publicité

Les États-Unis soutiennent leur allié Israël et estiment que les accusations formulées par Pretoria sont « sans fondement ». « En fait, ce sont ceux qui attaquent violemment Israël qui continuent d’appeler ouvertement à l’anéantissement d’Israël et au massacre des Juifs », a déclaré le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller.

S’agissant d’une procédure d’urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines. Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer. Une décision de justice contre Israël augmenterait cependant la pression politique sur le pays, et pourrait éventuellement servir de prétexte à des sanctions. La résolution complète de l’affaire devant la CIJ peut prendre des années.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le président américain Bill Clinton entre le chef de l’OLP Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzahk Rabin qui se serrent la main pour la première fois, le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche. © J. DAVID AKE / AFP

Israël-Palestine : la chronologie des tentatives d’accords

Contenus partenaires