Mali : Paris demande le respect de l’ordre constitutionnel

La France a exhorté dimanche le chef des putschistes maliens, Amadou Haya Sanogo, à revenir à l’ordre constitutionnel, sans réclamer explicitement un retour au pouvoir du président malien Amadou Toumani Touré (ATT), qu’elle se défend pourtant d’avoir lâché.

Le ministre à la Coopération, Henri de Raincourt le 10 février 2012 à Nouakchott, en Mauritanie. © AFP

Le ministre à la Coopération, Henri de Raincourt le 10 février 2012 à Nouakchott, en Mauritanie. © AFP

Publié le 26 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Lors d’un entretien samedi avec le capitaine Amadou Sanogo, l’ambassadeur français Christin Rouyer a rappelé "que la France condamnait le coup de force", "que le retour à l’ordre constitutionnel était un impératif absolu, qu’il fallait s’en tenir au calendrier électoral constitutionnel, avec la date limite du 8 juin", a déclaré le ministre à la Coopération, Henri de Raincourt.

Le 8 juin est la date officielle de la fin de mandat du président Touré. Un premier tour d’un scrutin présidentiel était jusqu’à présent prévu le 29 avril.

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L’ambassadeur a expliqué aux mutins "qu’ils sont en train de se fourvoyer, qu’ils se sont mis dans une impasse et qu’il faut absolument, sinon on va au devant des plus grandes difficultés, revenir à l’ordre constitutionnel", a insisté le ministre, invité de l’émission Internationales (RFI, TV5Monde, Le Monde).

Pour la France "il n’y a aucun problème pour organiser des élections" et la Constitution malienne prévoit qu’en cas d’empêchement du président le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim et permette un scrutin présidentiel, a-t-il fait valoir.

Le leader de la junte "a enregistré" les demandes françaises mais "sur le fond, le capitaine n’a pas encore répondu", a-t-il ajouté.

Henri de Raincourt a aussi indiqué que pour la France, Amadou Toumani Touré restait "le président du Mali" car "rien n’est stabilisé", et s’est vivement défendu que Paris l’ait lâché.

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Sans réclamer son retour au pouvoir dans les plus brefs délais afin de diriger le Mali jusqu’au scrutin présidentiel, le ministre s’est borné à indiquer que Paris n’avait pas réussi à le joindre. "Nous essayons d’entrer en contact avec le président malien, nous n’y sommes pas parvenus", a-t-il dit, précisant que "les autres pays, y compris africains, n’ont pas non plus réussi à se mettre en contact" avec lui.

ATT introuvable

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Le sort du président Touré reste pour l’instant toujours inconnu. On ignore si, protégé par des militaires loyalistes il préparerait la contre-offensive, comme l’assurait jeudi son entourage, ou s’il est prisonnier des mutins.

Interrogé pour savoir si Paris ne l’avait pas en fait lâché depuis un certain temps, en raison de son manque d’efforts pour combattre Al-Qaïda au Maghreb islamiques (Aqmi) qui détient six otages français, le ministre a assuré qu’il n’en était rien.

"La France n’a jamais abandonné le président Touré" et "je le lui ai confirmé" encore mercredi en fin d’après-midi, quelques heures à peine avant le putsch qui a conduit à son renversement, a révélé Henri de Raincourt.

"La France n’a jamais changé de position et n’avait pas de double langage", a-t-il insisté, tout en reconnaissant dans le même temps que "l’insécurité gagnait du terrain dans le Sahel" et que si le Niger et la Mauritanie faisaient de très gros efforts dans la lutte contre Aqmi, "au niveau du Mali, nous sentions bien une certaine fragilité et faiblesse".

Le ministre à la Coopération a enfin indiqué que l’ambassadeur français avait appelé les mutins à "rouvrir le plus rapidement possible les frontières de façon à ce que les avions humanitaires puissent arriver" dans le pays. Car il y a "une crise alimentaire et humanitaire assez sévère dans ce secteur géographique", a-t-il fait valoir.

A la suite du putsch, la France a suspendu sa coopération avec le Mali tout en maintenant son aide "en faveur de la population, en particulier l’aide alimentaire".

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