Intégration : l’Afrique de l’Ouest franchit une étape décisive

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) vient d’adopter un tarif douanier extérieur commun devant permettre la création d’un marché régional et renforcer l’intégration au sein de la zone. La décision sera mise en œuvre en janvier 2015.

Les dirigeants ouest-africains réunis à Dakar. © AFP/Seyllou

Les dirigeants ouest-africains réunis à Dakar. © AFP/Seyllou

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 26 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Une fois n’est pas coutume, les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique de l’ouest se sont réunis pour un sommet extraordinaire entièrement (ou presque) consacré à des sujets économiques visant à renforcer l’intégration régionale. Macky Sall, le président sénégalais, a même qualifié cette rencontre qui s’est tenue ce 25 octobre à Dakar, d’ »historique ». Ce vendredi donc, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao) ont adopté un Tarif extérieur commun (TEC) pour l’ensemble des quinze États membres de la Communauté.

Concrètement, cela signifie que dès l’application de ce nouveau dispositif prévue pour janvier 2015, lorsque des taxes douanières sont prélevées sur une marchandise à l’entrée d’un des États de la sous-région, celle-ci devra pouvoir circuler librement dans tous les autres pays de la zone. Ce qui permet aux partenaires commerciaux étrangers d’avoir accès à un marché de plus 300 millions d’habitants que représente cette communauté.

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« nous formons désormais un bloc solide et compétitif »
Alassane Ouattara

Mesures de protection

Les chefs d’État de la zone ont également entériné, pour compléter ce dispositif, des mesures de protection avec une taxe d’ajustement à l’importation, une taxe complémentaire de protection  de même qu’un prélèvement communautaire d’intégration. La concrétisation de ce TEC, en projet depuis la création de l’institution en 1975, est aussi un argument de poids que cette communauté pourra utiliser dans  les négociations commerciales.

« Grâce au tarif extérieur commun, nous formons désormais un bloc solide et compétitif », s’est félicité Alassane Dramane Ouattara, le président ivoirien et président en exercice de la Communauté. “Nous avons ainsi pu dessiner de nouvelles propositions qui vont permettre d’accélérer les négociations d’un Accord de partenariat économique (APE) régional qui régira les échanges commerciaux avec l’Union européenne », explique Kadré Désiré Ouédraogo, le président de la Commission de la Cedeao.

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Au point mort depuis plusieurs années l’APE est censé remplacer “l’accord de Cotonou” en vigueur depuis juin 2000 et qui permettait aux produits provenant des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) d’avoir un accès privilégié au marché européen. Ce dernier régime commercial, contraire aux règles de l’OMC, n’a pas permis aux Africains de développer leur commerce et de diversifier leurs économies.

De fait, l’APE devait non seulement se conformer aux normes internationales mais aussi prendre en compte la dimension développement des économies africaines. “Mais tel que l’APE a été proposé initialement (avec une plus grande ouverture des marchés africains), sa signature aurait entrainé la disparition de filières entières dans nos pays, notamment dans le secteur agricole”, soutient un économiste.

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Zone monétaire

“Avec le TEC Cedeao, nous pouvons désormais aller vers davantage d’ouverture, tout en sachant qu’il y a des produits sensibles que nous continuerons de protéger”, a précise Kadré Désiré Ouedraogo. Sous la supervision du président sénégalais, Macky Sall, le président de la Commission de la Cedeao et son homologue de l’Uemoa devront donc reprendre très prochainement les négociations avec l’Union européenne.

« De ce contexte, nos industries naissantes et les secteurs prioritaires de nos économies doivent être encouragés et soutenus, dans le respect des normes commerciales auxquelles nous avons adhéré », a souligné Alassane Ouattara, le président ivoirien.

Par ailleurs, toujours en vue du renforcement de l’intégration régionale,  les chefs d’États de la Cedeao se sont engagés à prendre les dispositions nécessaires pour la création, dans les meilleurs délais, de la deuxième zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci regroupera les pays non membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa).

Le président nigérien Mahamadou Issoufou et le ghanéen John Dramani Mahama ont été désignés pour faire accélérer ce chantier. La création de cette deuxième zone monétaire sera le premier pas vers la création d’une monnaie unique de la Cedeao. Autant dire que le chemin vers une véritable intégration régionale est encore long.

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