Matibabu, l’application mobile qui traque le paludisme

L’application « Matibabu », développée par des étudiants ougandais, permet de diagnostiquer le paludisme sans passer par la case laboratoire.

L’équipe de Matibuba, appelée "Code 8" durant l’Imagine Cup 2013. © Matibuba

L’équipe de Matibuba, appelée "Code 8" durant l’Imagine Cup 2013. © Matibuba

Publié le 25 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Imaginez un hôpital dans un téléphone. L’image peut sembler osée, mais c’est pourtant l’un des défis que se sont fixés Josiah Kavuma, Simon Lubambo, Joshua Businge et Brian Gitta. Ces étudiants ougandais ont développé l’application mobile Matibabu (« centre médical » en swahili) qui permet de diagnostiquer le paludisme sans besoin de prise de sang, sans piqûre, sans microscope et sans passer par un laboratoire médical.

En Ouganda, 9 à 14% de tous les décès en milieu hospitalier sont dus au paludisme

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Sans microscope

Le principe est simple, le patient introduit son index dans le « Matiscope », un détecteur à infrarouges branché à un smartphone. Matibula utilise les émissions infrarouge pour pénétrer la peau et détecter les globules rouges. L’opération n’a pas la précision de l’analyse microscopique qui permet de déterminer non seulement la présence du parasite qui cause le paludisme (le plasmodium), mais aussi le genre et le nombre de parasites.

Mais grâce au matiscope, l’application est capable néanmoins de détecter les globules rouges infectés qui ont une forme et une structure chimique différentes des globules rouges normaux. Matibabu analyse les données transmises par le matiscope et affiche le diagnostic en quelques secondes. L’opération ne nécessite pas la présence d’un technicien de laboratoire. Les résultats sont directement stockés sur le serveur en ligne Skydrive et peuvent être transmis rapidement à des professionnels médicaux.

Couloirs de Makerere

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Matibabu est né dans les couloirs de l’université Makerere à Kampala où Brian Gitta étudie l’informatique. Enfant, le jeune homme de 21 ans contracte plusieurs fois le paludisme et développe une phobie des aiguilles. Il rêve alors d’un test facile, rapide et indolore.

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En 2013, Brian Gitta décide de se lancer dans la conception de l’application avec trois de ses camarades. « Avec Matibabu, on peut diagnostiquer simplement la maladie, de chez soi, explique Joshua Businge. Pas besoin de se déplacer, les utilisateurs économisent l’argent du transport jusqu’à l’hôpital et les frais médicaux. »

En août 2013, le quatuor présente son projet lors de Imagine Cup, la compétition organisée par le géant de l’informatique Microsoft, où les jeunes Ougandais décrochent le « UN Women empowerment Award ». Grâce au prix d’une valeur de 12 000 dollars, ils fondent l’entreprise Thinkit Limited. Leur projet est de fournir gratuitement l’application et de commercialiser le Matiscope au prix de 20 dollars.

Fondation Bill & Melinda Gates

Si l’application est déjà opérationnelle, la production du Matiscope reste aujourd’hui le plus gros défi de Thinkit Limited. « Nous sommes à la recherche d’entreprises ougandaises qui pourraient fabriquer l’appareil, mais il est difficile de trouver les composants ici [en Ouganda] », confie Joshua Businge.

Les quatre étudiants comptent sur la fondation Bill Gates, qui attribue chaque année des bourses à l’innovation, pour leur donner un coup de pouce. « Si nous sommes sélectionnés, nous aurons les fonds pour faire venir les composants ou, pourquoi pas, pour faire fabriquer les appareils à l’étranger », s’enthousiasme l’étudiant. Les lauréats seront connus en décembre 2013.

Les retombées positives du succès de Matibabu et du Matiscope peuvent être importantes, surtout lorsqu’on sait que le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité en Ouganda, qu’il représente 15 à 20% de toutes les admissions hospitalières et entre 9 et 14% de tous les décès en milieu hospitalier, selon les données de Malaria Consortium.

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