Nigeria : un médiateur se retire des discussions entre Boko Haram et le gouvernement

Un religieux servant de médiateur dans les négociations indirectes engagées entre le gouvernement du Nigeria et le groupe islamiste Boko Haram a déclaré samedi qu’il se retirait des discussions, accusant le pouvoir de manquer de sincérité.

Un blindé devant une église catholique de Jos après un attentat le 11 mars 2012. © AFP

Un blindé devant une église catholique de Jos après un attentat le 11 mars 2012. © AFP

Publié le 18 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Un religieux servant de médiateur dans les négociations indirectes engagées entre le gouvernement du Nigeria et le groupe islamiste Boko Haram a déclaré samedi qu’il se retirait des discussions, accusant le pouvoir de manquer de sincérité.  Ibrahim Datti Ahmad, qui dirige le Conseil suprême pour la charia au Nigeria (SCSN), a servi d’intermédiaire dans les négociations indirectes ouvertes pour mettre fin à deux ans de violences qui ont fait plus de 1.000 morts.

Citant une fuite sur les négociations dans les médias, il déclare dans un communiqué que "cet épisode nous a énormément embarrassés et a suscité un vif doute dans nos esprits sur la sincérité du gouvernement alors que la discussion était censée être confidentielle". "En raison de cette évolution malheureuse et gênante, nous n’avons pas d’autre choix que de nous retirer de ces discussions", ajoute le religieux. "Nous regrettons sincérement qu’une chance de négocier et mettre fin à ce cycle de violence ait été manquée", a-t-il ajouté.

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Ahmad a créé le SCSN pour en faire un groupe de pression musulman afin de faire imposer la charia dans les 12 Etats du nord du Nigeria à majorité musulmane quand le pays a renoué avec la démocratie en 1999. Le Conseil recrute parmi les religieux extrémistes et comptait parmi ses membres le dirigeant historique de Boko Haram, Mohammed Yusuf, tué en 2009 lors de la répression d’un soulèvement de la secte.

Une source proche des négociations avait révélé cette semaine que le gouvernement du Nigeria et Boko Haram avaient eu des pourparlers indirects destinés à mettre fin aux violences. Une source diplomatique avait indiqué de son côté que des contacts avaient été établis entre le gouvernement et le groupe islamiste via des intermédiaires.

Un cessez-le feu de trois mois ?

Au cours de ces pourparlers, Boko Haram a proposé un cessez-le-feu de trois mois en échange de la libération de tous ses membres. Il a également demandé que le gouvernement ne procède plus à aucune arrestation, a déclaré un responsable de la sécurité, ajoutant que le gouvernement étudiait cette proposition.

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Boko Haram a notamment revendiqué l’attentat à la bombe perpétré en août 2011 contre le siège des Nations unies dans la capitale Abuja, qui a tué 25 personnes, ainsi que les attaques coordonnées qui ont fait 185 victimes à Kano (nord) en janvier. Des appels ont été lancés au Nigeria pour la tenue de pourparlers alors que les autorités nigérianes semblaient incapables d’enrayer la spirale des attaques imputées à Boko Haram qui ont secoué le pays le plus peuplé d’Afrique, premier producteur de pétrole sur le continent.

Une tentative précédente d’engager des pourparlers avait échoué car le groupe refusait de déposer les armes comme condition pour un accord de paix qui engloberait une amnistie, selon un responsable de la sécurité. Boko Haram serait composé de plusieurs factions, mais les pourparlers indirects avec le gouvernement du Nigeria ont été menés avec la branche principale dirigée par Abubakar Shekau.

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Le 23 février, un haut responsable militaire nigérian déclarait que Boko Haram, a des liens avec Al-Qaïda, établissant officiellement ce lien pour la première fois. Les islamistes de Boko Haram, qui veulent restaurer le califat islamique et imposer la charia dans l’ensemble du Nigeria, ont intensifié leurs attaques ces derniers mois le plus souvent dans le nord du pays, majoritairement musulman, le sud étant à dominante chrétienne.

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