Aux Comores, l’opposition dénonce « une fraude électorale »

L’opposition aux Comores a dénoncé ce 14 janvier des « bourrages d’urnes » lors du scrutin présidentiel, dont le premier tour se clôt dans la soirée et que le président sortant, Azali Assoumani, s’est dit « confiant » de remporter.

Une Comorienne vote lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 14 janvier 2024 à Moroni. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Une Comorienne vote lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 14 janvier 2024 à Moroni. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Publié le 14 janvier 2024 Lecture : 3 minutes.

« Comme en 2019, nous assistons à une fraude électorale d’Azali Assoumani en complicité avec l’armée », a déclaré lors d’une conférence de presse le candidat de l’opposition, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, au nom des cinq rivaux d’Azali au scrutin. « Il y a eu bourrages d’urnes » dans plusieurs localités, a-t-il poursuivi, ajoutant que « les Comoriens n’ont pas eu le choix de décider du président qui allait présider à leur destinée ».

Lors de la précédente élection présidentielle en 2019, Azali Assoumani, qui brigue un troisième mandat consécutif, avait été réélu avec 60% des voix au premier tour mais les résultats avaient été contestés.

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Irrégularités

Vote retardé, matériel électoral manquant dans des fiefs traditionnels de l’opposition, assesseurs empêchés d’observer la régularité du scrutin : les opposants ont constaté des irrégularités dès l’ouverture, au compte-gouttes, des bureaux de vote. « Les bureaux ont commencé généralement avec du retard », a souligné une observatrice de l’Union africaine sur place.

« L’opposition fait montre de petit esprit complotiste », a fustigé devant la presse le directeur de campagne du président sortant, Houmed Msaidie, réfutant toute fraude électorale. Quelques heures plus tôt, après avoir déposé son bulletin dans sa ville natale de Mitsudje, près de la capitale Moroni, Azali Assoumani, 65 ans, avait exprimé sa « confiance » en une victoire.

« La confiance est toujours là, mais c’est Dieu qui va décider et le peuple comorien. C’est les prières qu’on fait tous les jours, pour qu’on gagne au premier tour. On gagne du temps, on gagne de l’argent », a-t-il déclaré, attribuant le manque de participation au « mauvais temps » dans l’archipel de l’océan Indien. En début de journée devant les bureaux de vote de Moroni, sous une pluie battante, ni files d’attente, ni foule d’électeurs enthousiastes n’attendaient de pouvoir voter. Les bureaux restent ouverts jusqu’à 18h. Quelque 340 000 électeurs devaient choisir entre six candidats. Gendarmes, police et armée sont déployés.

Chassé pendant la campagne

Cette semaine, l’opposition avait déjà dénoncé des irrégularités dans l’organisation du scrutin, notamment la publication des listes électorales et la composition des membres des bureaux de vote. « Nos assesseurs sont empêchés d’accéder aux bureaux de vote à Anjouan », traditionnel fief de l’opposition, a aussi dénoncé dans la matinée, Djaffar El Mansoib, du parti d’opposition Juwa privé de son leader, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, condamné dans l’affaire dite de la « citoyenneté économique » et à ce titre inéligible, tout comme l’ex-vice-président Mohamed Ali Soilihi, pour l’Union pour le développement des Comores (UPDC).

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Arrivé une première fois par un coup d’État en 1999 à la tête du pays, le colonel Azali est revenu au pouvoir en 2016. Il a vanté pendant sa campagne la construction de routes et d’hôpitaux. « Azali, architecte des Comores de demain », assurent des affiches placardées dans les rues du pays, qui élit aussi dimanche ses gouverneurs.

Mais dans l’archipel où 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où le quotidien est affligé de coupures d’eau, d’électricité, ainsi que d’une hausse dramatique des prix de l’alimentation, le bilan du président sortant est souvent critiqué. Pendant la campagne, l’équipe présidentielle a été rudement chassée de plusieurs localités.

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S’il était réélu, Azali resterait au pouvoir jusqu’en 2029. En 2018, il avait fait passer une réforme constitutionnelle permettant une centralisation des pouvoirs par l’exécutif. L’opposition accuse les institutions de collusion avec le pouvoir.

De nombreux Comoriens vivent à l’étranger et notamment en France, où la diaspora est estimée à environ 300 000 personnes. La justice comorienne a rejeté l’an dernier un recours réclamant que le droit de vote de la diaspora soit garanti. Les résultats du premier tour doivent être publiés dans la semaine.

(Avec AFP)

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