Israël-Hamas : à Gaza, cent jours de guerre

L’armée israélienne dit concentrer désormais ses opérations sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Depuis le début du conflit, près de 24 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, selon le Hamas, qui détiendrait toujours 132 otages.

Vue de Khan Younès depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite de bombardement israéliens, le 15 janvier 2024. © AFP.

Vue de Khan Younès depuis Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la suite de bombardement israéliens, le 15 janvier 2024. © AFP.

Publié le 15 janvier 2024 Lecture : 4 minutes.

La guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a franchi le 14 janvier le cap des 100 jours, avec davantage de civils tués à Gaza et des proches d’otages israéliens toujours dans l’angoisse sur leur sort. L’armée israélienne a encore bombardé dans la journée la bande de Gaza, dont la population vit une crise humanitaire majeure, tandis que la poursuite du conflit exacerbe les tensions régionales.

Dans le territoire assiégé, les 2,4 millions d’habitants manquent de tout, nourriture, médicaments et carburant. L’ONU estime que 1,9 million de personnes ont dû quitter leur foyer.  Selon le Hamas, plus de 100 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens nocturnes sur la bande de Gaza, notamment à Khan Younès.

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L’armée israélienne dit concentrer désormais ses opérations sur cette ville, dans le sud de la bande de Gaza où sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par les combats. Elle a annoncé le 14 janvier la mort d’un soldat, portant à 188 le nombre de militaires tués depuis le début des opérations terrestres à Gaza le 27 octobre. Au cours de cette même journée, un vidéojournaliste palestinien de 28 ans de la chaîne de télévision arabe Al-Ghad, basée au Caire, a été tué  « dans le nord de Gaza », a par ailleurs annoncé ce média, imputant sa mort à une frappe israélienne.

« Beaucoup d’otages ont probablement été tués récemment »

Les Israéliens ont exprimé leur solidarité avec les otages retenus dans le territoire palestinien par le Hamas et ses alliés pour marquer les 100 jours de leur détention et soutenir la mobilisation de leurs familles. Des centaines de milliers d’Israéliens ont observé dans la matinée une grève de 100 minutes, autant que les jours de détention des otages, a annoncé la grande centrale syndicale Histadrout. À Tel-Aviv, sous la pluie, des centaines de personnes ont pris part à une série d’événements, dont un concert d’Artifex, le dernier DJ à avoir joué au festival Tribe of Nova – dont 364 participants ont été tués par le Hamas selon les chiffres israéliens. « Nous n’abandonnons personne. Nous faisons tout pour les ramener tous chez eux », a assuré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanhyahou, en marge d’une réunion ministérielle.

Dans la soirée, le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a affirmé que beaucoup d’otages ont « probablement été tués récemment », les autres étant « en grand danger », ce dont il a rejeté la « pleine responsabilité » sur Israël. La branche armée du Hamas a ensuite diffusé une vidéo montrant trois otages israéliens en vie, deux hommes et une femme. Cette vidéo ne donne aucune indication sur la date à laquelle elle a été filmée. Les trois otages y demandent en hébreu aux autorités israéliennes d’agir pour leur libération.

Le retour des otages est l’un des objectifs de la guerre menée par Israël après l’attaque sans précédent du Hamas sur son sol le 7 octobre, qui a fait environ 1 140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte à partir du bilan israélien. Quelque 250 personnes ont été prises en otages lors de cette attaque, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tués, selon les autorités israéliennes. Une centaine ont été libérées en vertu d’une trêve à la fin de novembre. Dans la bande de Gaza, le conflit a fait au moins 23 968 morts, principalement des femmes et mineurs, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

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Du Liban au Yémen, la crainte d’un embrassement régional

Le conflit nourrit aussi les violences régionales avec des groupes armés soutenant le Hamas. L’armée israélienne a annoncé avoir tué le 14 janvier trois hommes armés infiltrés sur son territoire, dans la région frontalière avec le Liban, où deux civils israéliens, une mère et son fils, ont également péri dans un tir de missile venu du pays voisin. Le Hezbollah libanais pro-iranien a indiqué avoir mené six attaques sur le sol israélien, dont une sur le village des deux victimes. Les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens depuis le 7 octobre. Le chef du puissant mouvement islamiste libanais, Hassan Nasrallah, a estimé qu’Israël n’avait « remporté aucune victoire réelle ou semblant de victoire » à Gaza.

Les tensions se sont aussi accentuées en mer Rouge où les rebelles yéménites Houthis soutenus par l’Iran attaquent des navires qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené vendredi et samedi en riposte des frappes contre des sites Houthis. Les médias Houthis ont fait état dans la soirée du 14 janvier de nouvelles frappes anglo-américaines sur Hodeida (ouest), mais Washington a immédiatement démenti.

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En Cisjordanie occupée, l’armée israélienne a fait état de l’arrestation, pour « incitation au terrorisme », de deux sœurs du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, tué le 2 janvier au Liban dans une attaque de drone attribuée à l’armée israélienne. Cinq Palestiniens y sont morts le 14 janvier après des incidents et affrontements avec l’armée israélienne, dont un adolescent de 16 ans tué près de Jéricho, a indiqué le ministère de la Santé palestinien. Les forces israéliennes ont pour leur part indiqué avoir « neutralisé deux terroristes » près de Hébron et « deux assaillants » qui avaient lancé un explosif sur une base militaire, proche de Ramallah.

(avec AFP)

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