Libye : Abdallah Senoussi, pilier du régime Kadhafi, arrêté à Nouakchott
Un ancien pilier du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l’aéroport de Nouakchott, a indiqué une source sécuritaire mauritanienne. L’homme est recherché par la Cour pénale internationale (CPI).
Mise à jour le 17/03/12 à 17H10
Pilier du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi dont il était le beau-frère, le colonel Abdallah Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l’aéroport de Nouakchott en Mauritanie. La Libye et la France ont rapidement annoncé chacune de son côté qu’elles allaient demander son extradition.
Cet ancien chef des renseignements militaires a été arrêté par les services de sécurité mauritaniens au moment où il arrivait de Casablanca, au Maroc, par un vol régulier, selon une source des services mauritaniens de sécurité, qui a précisé qu’il voyageait avec "un passeport malien falsifié". Il a été conduit dans les locaux de la sûreté de l’Etat à Nouakchott, selon cette source, mais on ignorait les intentions du gouvernement mauritanien à son égard, en particulier si et quand il pourrait être livré à la CPI sise à La Haye.
La Mauritanie n’est pas signataire du statut de Rome portant création de la CPI et n’a en théorie pas l’obligation de lui livrer Senoussi. Mais à Tripoli, le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) a confirmé l’arrestation et fait savoir qu’il allait demander son extradition. La présidence française a également déclaré qu’elle réclamerait "dans les prochaines heures" que lui soit livré l’ex responsable.
Attentat terroriste contre le vol UTA 772
"Abdallah Senoussi fait en effet l’objet d’un mandat d’arrêt international à la suite de sa condamnation par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire de l’attentat terroriste du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 qui a coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français", a expliqué l’Elysée.
Beau-frère de l’ancien "Guide de la révolution" libyenne, Senoussi, colonel âgé de 62 ans, faisait partie du premier cercle des fidèles entourant Kadhafi. Il a longtemps été chef des renseignements militaires de Libye, l’"un des organes de répression les plus puissants et efficaces du régime", selon la CPI. Des sources de sécurité nigérienne et malienne avaient affirmé en octobre 2011 qu’Abdallah Senoussi, invisible depuis la chute de Tripoli, en août 2011, était passé du Niger au Mali avec quelques-uns de ses hommes.
Un mois plus tard, en novembre, le nouveau régime libyen avait annoncé son arrestation dans la région de Sabha, dans le sud de la Libye. Mais depuis aucune image de lui n’avait été diffusée.
Mandat d’arrêt
La CPI avait émis un mandat d’arrêt à son encontre le 27 juin 2011, l’accusant d’avoir, "par l’intermédiaire de l’appareil d’État libyen et des forces de sécurité libyennes", commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité" dès le début de la révolte anti-Kadhafi à la mi-février, en particulier à Tripoli, Benghazi et Misrata.
"Il y a des motifs raisonnables de croire que, du 15 février 2011 au 20 février 2011 au moins, à Benghazi en particulier, la population civile a été victime d’actes inhumains commis par les forces de sécurité sous le commandement d’Abdallah Senoussi", ajoutait la CPI dans son mandat d’arrêt.
L’ancien responsable est aussi pointé du doigt dans le massacre de la prison d’Abou Salim, où se trouvaient de nombreux prisonniers politiques, à Tripoli, et où plus d’un millier de prisonniers ont été tués dans une fusillade en 1996. Abdallah Senoussi est resté fidèle à Mouammar Kadhafi jusqu’au bout. Le 21 août 2011, jour de l’entrée des rebelles dans la capitale, il était venu parler aux journalistes étrangers à Tripoli, en accusant "les renseignements occidentaux et l’Otan de travailler côte à côte avec Al-Qaïda pour détruire la Libye".
La Mauritanie n’a reconnu que tardivement le CNT, le 24 novembre 2011. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait expliqué que le fait de présider le comité de l’Union africaine (UA) chargé d’une médiation entre les rebelles et Kadhafi, était une position qui "nous impose de demeurer à équidistance entre les deux parties en conflit".
Dès le mois de juin, il avait cependant estimé que le colonel Kadhafi ne pouvait "plus diriger la Libye" et que "son départ" devenait "une nécessité".
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Le livre « Algérie juive » soulève une tempête dans le pays
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- Pourquoi l’UE s’apprête à accorder un nouveau soutien à l’intervention rwandaise a...