Soudan : visés par un mandat d’arrêt de la CPI, Omar el-Béchir et son ministre paradent

Le président soudanais Omar el-Béchir et son ministre de la Défense ont dansé samedi lors d’un rassemblement militaire à Khartoum, deux jours après que la Cour pénale internationale (CPI) eut lancé un mandat d’arrêt contre ce dernier.

Le président soudanais Omar el-Béchir et son ministre de la Défense à Khartoum, le 3 mars 2012. © AFP

Le président soudanais Omar el-Béchir et son ministre de la Défense à Khartoum, le 3 mars 2012. © AFP

Publié le 4 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

"Nous allons lancer une campagne d’envergure contre les ennemis de Dieu et de l’Etat", a lancé le ministre de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein, à plus d’un millier de membres de la Force de défense du peuple (PDF), formée lors de la guerre civile entre le Nord et le Sud. Le rassemblement, visant à afficher la force de la PDF, était le premier de ce type depuis 2005, date de l’accord de paix ayant mis fin à cette guerre civile de plus de 20 ans, et ayant conduit en juillet dernier à l’indépendance du Sud. Il intervient alors qu’analystes et diplomates craignent que les tensions croissantes entre le Soudan et le Soudan du Sud ne provoquent un nouveau conflit.

Le président Béchir et le ministre, tous deux vêtus d’uniformes militaires, ont dansé ensemble sur une chanson de ralliement pour la PDF après que le président eut annoncé un renforcement de cette force. "Nous appellerons ces troupes +Force de dissuasion+", a-t-il indiqué à la foule, réunie dans le stade de football de Khartoum. Il a encore dit avoir ordonné à tous les gouverneurs d’ouvrir des camps de recrutement pour ces nouvelles recrues qui "vaincront quiconque tente de porter atteinte à la sécurité du Soudan".

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Le mandat de la CPI n’a "aucune importance"

La CPI a délivré jeudi un mandat d’arrêt contre Abdelrahim Mohammad Hussein pour des crimes contre l’humanité et crimes de guerre contre la population civile du Darfour, une région de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile. Il est soupçonné d’être le "co-auteur indirect" de treize chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre énumérés dans le mandat d’arrêt, dont meurtre, persécution, actes inhumains, viol et pillage contre la population civile.

"Nous voulons leur dire: nous défendrons la dignité du Soudan" et son régime islamiste, a répondu le président Béchir à l’adresse de la CPI. Avec M. Hussein, six suspects, dont le président Béchir et le chef des milices Janjawid Ali Kosheib, sont actuellement poursuivis dans le cadre de l’enquête de la CPI au Darfour. Le Soudan, qui ne reconnaît pas la compétence de la CPI, a jugé jeudi que ce mandat n’avait "aucune importance". Le procureur de la CPI enquête depuis 2005 au Darfour, une région en proie depuis 2003 à une guerre civile qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés, selon l’ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.

Le président Béchir a en outre répondu à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui l’a accusé mercredi de vouloir "saper" l’existence du Soudan du Sud. "Les Américains ont toujours dit qu’ils utiliseraient avec les Soudanais la carotte ou le bâton. Nous voulons leur dire : nous ne voulons pas de leur carotte parce que ses racines sont empoisonnées (…) et nous ne craignons pas leur bâton", a-t-il dit.

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