Au Kenya, le pasteur accusé du massacre de Shakahola poursuivi pour terrorisme
La justice kényane va poursuivre Paul Nthenge Mackenzie, pasteur autoproclamé et détenu dans l’enquête sur la mort de 429 adeptes de sa secte évangélique.
Plus de 400 corps, dont ceux de nombreux enfants, ont été retrouvés dans la forêt de Shakahola, ici le 17 juillet 2023. © YASUYOSHI CHIBA/AFP
Publié le 16 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.
Le « massacre de Shakahola », du nom d’une forêt du sud-est du pays où se réunissait une secte évangélique, avait secoué le Kenya. « Après une analyse approfondie des preuves, le directeur des poursuites pénales est convaincu qu’il existe suffisamment de preuves pour poursuivre 95 suspects », dont Paul Nthenge Mackenzie, a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué.
La détention de ce dernier avait été prolongée à plusieurs reprises pour permettre les recherches de victimes dans la forêt de Shakahola, où se réunissait son « Église internationale de Bonne Nouvelle », à qui il prêchait de jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus » avant la fin du monde en août 2023.
429 corps retrouvés
Mackenzie et ses coaccusés feront face à dix chefs d’accusation, dont meurtre, homicide involontaire et terrorisme. Il n’a pas été précisé quand les 95 suspects seront présentés devant un tribunal, mais la justice veut, selon le communiqué, « engager des poursuites dans les plus brefs délais ».
Chauffeur de taxi avant de se proclamer pasteur, Paul Nthenge Mackenzie est en détention depuis le 14 avril, au lendemain de la découverte des premières victimes dans la forêt de Shakahola. Depuis, 429 corps ont été retrouvés dans cette zone de la côte kényane.
Déjà connu de la justice
Les autopsies pratiquées ont révélé que la majorité des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement après avoir suivi les prêches de Paul Nthenge Mackenzie. Certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées. Seize personnes sont accusées d’avoir fait partie d’un groupe d’« hommes de main » du pasteur chargé de veiller à ce qu’aucun adepte ne rompe le jeûne ou ne s’échappe de la forêt.
Les autorités ont été vivement critiquées pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes. En mars, il avait été libéré sous caution malgré des accusations contre lui après le décès de deux enfants, morts de faim sous la garde de leurs parents liés à la secte. Une commission sénatoriale a pointé des « défaillances » de la justice et de la police, dans un rapport publié en octobre.
(Avec AFP)
