Rwanda : l’opposant Charles Ntakirutinka veut continuer à s’exprimer malgré 10 ans de prison
L’opposant et ex-ministre rwandais Charles Ntakirutinka a dit jeudi vouloir continuer à parler pour « dire la vérité », quitte à retourner en détention, tout juste après être sorti de prison après 10 ans d’incarcération.
![L’opposant et ex-ministre rwandais Charles Ntakirutinka à sa maison de Kigali le 1er mars 2012. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2012/03/03/003032012102119000000photofun-532118384.jpg)
L’opposant et ex-ministre rwandais Charles Ntakirutinka à sa maison de Kigali le 1er mars 2012. © AFP
"Je dois dire la vérité," a-t-il déclaré à l’AFP. "Si ça veut dire que je retournerai en prison, alors je suis prêt. Reprenez moi," a-t-il lancé le jour de sa remise en liberté, au terme de sa peine. Ancien ministre des transports, Charles Ntakirutinka avait été incarcéré en avril 2002 puis condamné, en juin 2004, à dix ans de prison pour rumeurs incitant à la désobéissance civile et association de malfaiteurs.
Il avait été condamné en même temps que l’ancien président rwandais Pasteur Bizimungu, qui avait lui écopé de 15 ans de prison. Ce dernier avait été libéré en 2007, après avoir bénéficié d’une grâce de son successeur, Paul Kagame.
"Le gouvernement rwandais devrait mettre en pratique ses promesses"
A l’époque, "nous pensions qu’il était temps pour le Rwanda d’avoir une opposition politique, donc nous avions formé un parti politique," a raconté ce Rwandais de 62 ans. "Mais ils ont dit que notre parti reposait sur le +divisionnisme+, ce qui n’était pas vrai. Ils ne voulaient simplement pas d’opposition".
Dans un pays marqué par le génocide des Tutsi, qui selon l’ONU a fait 800.000 en 1994, être accusé de "divisionnisme" reste extrêmement grave. A la remise en liberté de l’opposant jeudi, Amnesty international a renouvelé son appel au Rwanda, pour qu’il cesse de réprimer les opposants politiques. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, Charles Ntakirutinka était un "prisonnier de conscience".
"Dix ans après l’incarcération de Charles Ntakirutinka, des opposants politiques et des journalistes continuent de passer des années en prison pour oser parler", a commenté Erwin van der Borght, responsable Afrique d’Amnesty. "Le gouvernement rwandais devrait mettre en pratique ses promesses de respect de la liberté d’expression et d’association".
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